vendredi, décembre 15, 2006

 

Cinq raisons pour lesquelles Bob Rae a tort au sujet du NPD - vendredi le 27 octobre 2006


par Judy Wasylycia-Leis, députée (Winnipeg-Nord)Critique en matière de finances, Nouveau Parti démocratique du Canada
Le NPD du Canada croit que la prospérité et la justice sociale sont deux côtés de la même médaille, mais il paraît que Bob Rae, candidat à la direction du Parti libéral, n’est pas d’accord. Il paraît également qu’il dirait n’importe quoi afin de séduire ses nouveaux amis au Parti libéral.

La preuve de la duplicité de M. Rae est exposée commodément dans un nouveau livre rédigé par l’ancien chef du NPD ontarien devenu candidat à la direction des libéraux. Toutefois, il faudrait que les bibliothécaires, les libraires et les insomniaques prennent garde : le livre de M. Rae doit être classé parmi les œuvres de fiction. Voici cinq raisons pourquoi :

Raison 1 : M. Rae affirme que sa vision a évolué, tandis que celle du NPD est restée immuable, et que par conséquent, le NPD « s’est limité à un univers de plus en plus petit ». Il a tort. Sous le leadership de Jack Layton, le NPD est un parti qui poursuit avec ténacité des budgets équilibrés ainsi qu’un régime fiscal qui encourage les grandes entreprises à investir pour favoriser la prospérité. En même temps, nous préconisons un régime fiscal qui comprend des incitatifs pour faire en sorte que les choix viables sur le plan de l’environnement le soient aussi pour le compte en banque. Voilà pourquoi l’univers du NPD n’a pas rétréci; au contraire, nous avons reçu 1,5 millions de votes de plus lors des dernières deux élections. En réalité, c’est l’univers des libéraux qui est devenu plus petit : ils ont perdu 800 000 votes au cours des deux dernières campagnes électorales.

Raison 2 : M. Rae soutient maintenant que le NPD aimerait mieux être un parti qui ne fait que protester, plutôt que de gouverner. Il a tort. Pendant treize ans, les Canadiens et les Canadiennes ont attendu, de plus en plus impatiemment, alors qu’une succession de gouvernements libéraux majoritaires ont manqué à leurs promesses relativement à l’environnement, au logement, à l’aide étrangère et aux frais de scolarité. Lorsque les Canadiens et les Canadiennes ont élu un gouvernement libéral minoritaire avec un caucus néo-démocrate fort, nous avons enfin vu des progrès. Nous avons réécrit un budget fédéral déséquilibré et nous l’avons amélioré pour les gens ordinaires.

Un gouvernement qui vise à améliorer la vie des gens ordinaires : voilà le message que le premier ministre manitobain, Gary Doer, et le ministre Pat Atkinson de la Saskatchewan ont transmis lors de notre congrès qui s’est tenu à Québec en septembre. C’est pourquoi Jack Layton demande aux Canadiens et aux Canadiennes de l’embaucher comme prochain premier ministre. C’est pourquoi nous exposerons un plan prudent en vue de remettre ce pays sur la bonne voie, une étape pratique à la fois. Nous faisons une différence depuis des années, et maintenant, nous voulons former le gouvernement.

Raison 3 : Selon M. Rae, le NPD ne saisit pas le concept d’équilibre au sein du gouvernement. Il a tort. À cet égard, il répète une orthodoxie sans fondement à laquelle il a contribué avec ses déficits successifs en Ontario. Mais l’ironie de cette situation échappe à M. Rae. La vérité est que le NPD a le meilleur bilan financier de tous les partis. Les données du ministère des Finances confirment que les gouvernements provinciaux néo-démocrates, non pas libéraux ou conservateurs, ont le plus de budgets équilibrés. Et ce calcul inclut les déficits dont M. Rae était responsable en Ontario. En tant que personne qui a participé à l’établissement de 20 budgets équilibrés au cours de ses années au service du public, Jack Layton comprend très bien ce que c’est que la gouvernance équilibrée. M. Rae devrait peut-être réfléchir à ses propres compétences avant qu’il consentit à comparer son bilan financier à celui de M. Layton.

Raison 4 : M. Rae prétend que le NPD « s’y prend de façon irréfléchie sur le plan de l’entrepreneuriat et de la création des richesses ». Il a tort. Nous croyons que le secteur privé joue un rôle essentiel dans notre économie, et sous le leadership de Jack Layton, le NPD a présenté des plateformes favorisant l’entrepreneuriat et augmentant la création des richesses. En fait, lors de la dernière campagne électorale, 30 candidats du NPD étaient des hommes et femmes d’affaires, provenant de plusieurs secteurs différents. Nous savons que la création des richesses est une condition préalable à la société que nous voulons au Canada. Cela présente un contraste aux libéraux, qui ont permis que la croissance de la productivité diminue, car tout comme Stephen Harper, le levier économique auquel ils se fient est celui de la réduction d’impôt. Cette approche manque d’imagination et elle est simplement absurde. Maintes études démontrent que les investissements se font lorsque les institutions publiques sont efficaces et transparentes, lorsque les prix sont plus bas grâce aux soins de santé compréhensifs, et lorsque les travailleurs et travailleuses sont motivés et compétents. L’impôt n’est qu’un seul facteur, et même pas un facteur particulièrement pertinent à l’investissement. Jack Layton comprend cela. Il comprend que pour relever les défis auxquels l’économie canadienne fera face au cours des prochains dix ans, il faut investir dans l’éducation, les soins de santé et l’environnement.

Raison 5 : En s’alliant au Parti libéral, M. Rae doit maintenant rendre des comptes et défendre le bilan d’échec et de corruption en raison duquel les Canadiens et les Canadiennes ont rompu avec les libéraux. Après tout, il s’agit du parti du scandale des commandites et de la négligence sur le plan de l’environnement. Mais M. Rae ne le fait pas. Dans son livre, il qualifie le budget fédéral en 1995, celui qui a supprimé 25 milliards $ de façon unilatérale des transferts fédéraux consacrés à la santé et à l’éducation, de la « plus grande réalisation » des années Chrétien-Martin. Il y a un contraste évident entre cette déclaration et la réaction que M. Rae a eue à l’époque. Dans le Toronto Star, il a affirmé qu’« il ne faut pas sous-estimer la nature historique de l’annonce de M. Martin » et que « littéralement, cela signifie la fin du Canada tel que nous le connaissons et nous met sur une voie plus difficile ». L’écart béant entre ce qu’écrit M. Rae aujourd’hui et ce qu’il a dit en 1995 lui enlève toute sa crédibilité.

Il est également étonnant de constater que dans son livre, M. Rae déclare que « les enfants vivant sous le seuil de la pauvreté nous lancent un défi moral, qui touche notre avenir ». À la lumière de cette déclaration, il est ahurissant que M. Rae s’allie aujourd’hui à un parti qui, en 1989, a voté en faveur d’éliminer la pauvreté infantile avant 2000, mais qui a permis qu’elle prenne de l’ampleur. Lorsque les libéraux ont été éjectés en 2006, 1,2 million d’enfants vivaient sous le seuil de la pauvreté, soit une hausse de 20 % au cours des derniers dix ans.

En 1995, M. Rae a dit à un journaliste de Toronto Life : « La pire chose que l’on puisse faire, c’est de perdre son intégrité. » Il a raison. Et cela est d’autant plus vrai dans la vie publique, où la seule monnaie courante est la confiance qu’un politicien inspire chez ces commettants.

Il y a moins de 12 mois, M. Rae envoyait des chèques pour appuyer des candidats néo-démocrates lors des élections fédérales. Le London Free Press a rapporté qu’il était ravi des résultats du NPD, qui a remporté 29 sièges partout au Canada – 11 de plus que dans le Parlement précédent. Pourtant, aujourd’hui, il nous diffame, et il cherche refuge au sein du Parti libéral, qu’il appelait autrefois « fat » et un « monstre à quatre ou cinq têtes qui fait une chose lorsqu’il se trouve en opposition, mais qui fait quelque chose d’autre au gouvernement ».

Il est tout à fait approprié que M. Rae choisisse le 31 octobre pour faire paraître son livre, dont le contenu n’est que partialité grossière et révisionnisme qu’il fait passer pour des faits. Cette Halloween, les Canadiens et les Canadiennes auront raison de ne pas ouvrir la porte à cette horreur.

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