lundi, mai 29, 2006

 

Le discours de Jack Layton sur le rôle du Canada en Afghanistan - mercredi le 17 mai 2006

Le discours que le chef du NPD, Jack Layton, a prononcé lors du débat dans la Chambre des communes aujourd'hui sur le rôle du Canada en Afghanistan.

J’aimerais commencer en exprimant, au nom de tous les néo-démocrates, notre tristesse profonde en apprenant que la capitaine Nichola Goddard, affectée à Shilo au Manitoba, a perdu sa vie en servant notre pays en Afghanistan. Nos pensées et nos prières sont avec la famille de la capitaine Goddard, ses amis, et en fait avec tous les membres des Forces canadiennes qui servent notre pays chez nous et à l’étranger.

Monsieur le Président, les néo-démocrates s’opposent aux plans de ce gouvernement d’engager notre pays à faire la guerre en Afghanistan à long terme. Ce rôle ne reflète pas les principes et les idéaux du peuple canadien. Depuis presque cinquante ans, le Canada recherche la paix dans des nations partout au monde… et fait naître l’espoir là où des vies ont été déchirées par la guerre. Le canal de Suez, la Chypre, le Sinaï, l’ancienne Yougoslavie... il y a maints exemples de situations où le Canada a développé sa réputation comme pays qui maintient la paix et qui est respecté à l’échelle internationale.

Le Canada n’est pas une superpuissance, mais en tant que moyenne puissance, nous jouons dans la cour des grands depuis très longtemps. Notre contribution au monde sur le plan du maintien de la paix et de la protection du multilatéralisme par l’entremise des Nations Unies en est la preuve. Il faut que notre politique étrangère reflète la réalité : nous sommes un pays reconnu pour la recherche de la paix. Nous valorisons la communication, non pas l’occupation. Nous sommes un peuple qui prend au sérieux l’idéal de rapprocher les adversaires, non pas de brûler les ponts. Il ne faut pas que nous permettions que notre héritage de bons travaux vacille à l’ombre croissant de l’opération Enduring Freedom de l’administration du président Bush.

Il est bien trop commode de prétendre que chaque nouvelle mission est simplement un prolongement de la mission précédente. Ce que le gouvernement demande, ce n’est pas un prolongement. C’est un engagement à une nouvelle mission qui va durer jusqu’à la fin de la décennie.

Il y a des personnes dans cette Chambre, qui siègent des deux côtés, qui vont prétendre que si le Canada réoriente son énergie après quatre ans en Afghanistan, tout sera perdu. Il y a des personnes qui sont prêtes à voir le Canada pris en Afghanistan jusqu’à la fin de cette décennie, et au-delà. Selon elles, faire moins que cela, c’est se détourner du problème.

Mais la vérité, c’est que la contribution militaire du Canada a été considérable, étant donné nos capacités. Et l’Afghanistan est maintenant le plus grand récipient de l’aide canadienne au développement étranger. Le NPD appuie de tout cœur la continuation de ce financement. Et nous appuyons sans équivoque un rôle continu du Canada en Afghanistan au niveau du développement et de la diplomatie. Pourtant, le gouvernement essaie de forger un lien entre la guerre et l’aide dans cette motion, ce à quoi nous nous opposons.

Les néo-démocrates, en fait tous les Canadiens et toutes les Canadiennes, valorisent la place du Canada dans le monde : celle d’un pays qui a des principes, qui recherche la paix et non pas le conflit. C’est un rôle qui convient au Canada en Afghanistan, mais ce n’est pas le rôle limité que le gouvernement essaie d’imposer à notre pays par le biais de cette motion. Et il ne faut pas oublier qu’à cause des décisions unilatérales prises par ce premier ministre et par les libéraux qui l’ont précédé, le Canada est maintenant incapable de contribuer de façon appréciable au monde.

Monsieur le Président, malgré des débats durement gagnés et des mois de questions dans cette Chambre, ce gouvernement, tout comme l’ancien gouvernement libéral, refuse de répondre à nos questions : Quelle est la chaîne de commandement et de contrôle de cette mission? Quels sont les buts et les objectifs de cette mission, et est-ce qu’ils respectent les objectifs de la politique étrangère du Canada? Quelle est la définition de la réussite pour cette mission? Et quelle est notre stratégie de retraite?

Lorsque les conservateurs se trouvaient en opposition, ils ont posé ces questions légitimes et les libéraux n’y ont jamais répondu. Il y a quelques semaines à peine, les néo-démocrates ont posé ces mêmes questions et les conservateurs n’y ont pas répondu. Les Canadiens et les Canadiennes méritent des réponses.

Monsieur le Président, comme tout soldat vous dirait, « la reconnaissance n’est jamais une perte de temps ». Pourtant, ce gouvernement, tout comme l’ancien gouvernement libéral, ne s’intéresse pas à la diligence raisonnable. Il s’intéresse simplement à créer l’impression trompeuse que tout le monde dans cette Chambre soutient cette mission.

Monsieur le Président, les néo-démocrates n’ont pas émis une formule de chèque pour que ce gouvernement - ou n’importe quel gouvernement - entraîne le Canada encore plus loin dans la guerre, pour qu’il nous éloigne de notre rôle de Casque bleue sur l’échelle internationale.

Le premier ministre et son gouvernement ont le droit de bander les yeux des député(e)s dans cette Chambre, de nous lier les mains, et de procéder avec ce simulacre de débat, mais les Canadiens et les Canadiennes ne seront pas aveuglé(e)s. Malgré votre intimidation, nous n’accepterons pas l’inacceptable.

Monsieur le Président, maintes fois, je me suis levé et j’ai demandé directement au premier ministre d’informer les Canadiens et les Canadiens de notre rôle en Afghanistan. Et maintes fois, ce premier ministre s’est levé et a refusé de répondre à ces questions de base. Le premier ministre a plutôt déclaré sans équivoque que si nous remettions en question la mission, nous étions contre nos troupes. Mais Monsieur le Président, je veux m’exprimer très clairement : les Canadiens et les Canadiennes ne se laisseront pas persuader par la ruse que le premier ministre essaie de créer avec ses slogans empruntés.

Nous serions indignes de la démocratie que nos jeunes militaires défendent avec leur vie si ce gouvernement confondait le chauvinisme avec le patriotisme. Nous ne prendrons pas de la graine du gouvernement en ce qui concerne l’appui pour nos hommes et femmes militaires.

Je tiens à vous rappeler que l’année passée, les conservateurs se sont abstenus plutôt que de voter pour un budget qui investissait 13,5 milliards de dollars dans les Forces canadiennes : un budget qui investissait 8,2 milliards de dollars de plus que le budget déposé par les conservateurs ce printemps. Les néo-démocrates, non pas les conservateurs, ont voté pour ce budget afin de nous assurer que nos troupes recevront l’équipement et la formation dont ils ont besoin. C’est comme ça que notre parti manifeste son soutien pour nos troupes.

Cette semaine, le député de Sackville-Eastern Shore s’est levé et a demandé pourquoi, après 14 ans, ce gouvernement continue à priver de prestations la veuve d’un soldat qui a perdu sa vie dans l’exercice de ses fonctions, et pourquoi ce gouvernement continue à laisser des avocats se battre dans le but de priver cette famille du soutien qu’elle mérite. C’est comme ça que ce gouvernement manifeste son soutien pour nos troupes.

Monsieur le Président, si nous demandons à ce pays de continuer à faire la guerre, il faudrait que chaque citoyen et citoyenne au Canada comprenne tous les faits. Nous troupes méritent de savoir ce qu’on leur demande de faire…les familles méritent de savoir ce qu’on demande à leurs fils et à leurs filles.

Monsieur le Président, s’il y a un aspect de notre discours public qui doit absolument être débarrassé de toute proclamation partisane, c’est notre politique étrangère. C’est quand nous décidons des missions de nos troupes, en leur demandant de défendre nos valeurs - et peut-être même de donner leur vie. C’est le devoir de chaque membre de cette Chambre de poser des questions difficiles, et c’est le devoir du gouvernement d’y répondre.

Il y a un grand débat au sein des pays de l’OTAN, tels la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, au sujet de missions futures en Afghanistan, mais au Canada, le gouvernement essaie de faire adopter une motion à la hâte, sans laisser de la place pour des amendements, ni pour la transparence. Ce gouvernement n’a pas envie d’un débat, mais plutôt de l’approbation désinvolte de cette Chambre pour engager les Forces canadiennes à une nouvelle mission.

Monsieur le Président, ce n’est pas dans l’intérêt des Canadiens et des Canadiennes de permettre aveuglément que notre pays soit pris en Afghanistan à long terme. Les néo-démocrates s’opposeront à cette motion parce que nous croyons que la mission, telle que définie par ce gouvernement, ne correspond pas aux valeurs et aux principes du peuple canadien. Ce n’est pas un rôle qui respecte les objectifs de la politique étrangère canadienne.

Monsieur le Président, les néo-démocrates ont demandé ce débat et ce vote, et nous sommes très heureux d’avoir l’occasion de nous lever et de défendre la place du Canada dans le monde. Je demande aux députés et aux députées de cette Chambre d’unir leur voix à la nôtre. Il faut que notre pays montre la voie. Soyons un leader, pas un suiveur. Il faut emprunter notre propre chemin dans ce monde, un chemin qui va de l’avant en s’appuyant sur nos forces, et qui reflète de façon globale les valeurs et les principes de recherche de la paix qui définissent notre pays. Merci.

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