mercredi, juin 06, 2007
Alcan: le symbole d'un pays à vendre! - Vendredi le 1 juin 2007

Jack Layton, chronique dans le Quotidien, le 1er juin
Depuis quelques années, le Québec et le Canada perdent progressivement le contrôle de leurs fleurons industriels. Des intérêts étrangers ont pris le contrôle de Molson, Falconbridge, Ciment Saint-Laurent, Dofasco, Algoma, Van Houtte et la Compagnie de la Baie d'Hudson.
Même les Canadiens de Montréal sont américains, maintenant! En fait, depuis 16 mois, 600 entreprises canadiennes sont passées aux mains d'intérêts étrangers. Plus de 11 500 en 20 ans! Et, bientôt, selon toute vraisemblance, Alcan figurera parmi elles. Alors que le nombre de compagnies appartenant à des intérêts canadiens et québécois diminue, le gouvernement de Stephen Harper ne fait absolument rien afin de protéger nos entreprises contre la prise de contrôle par des intérêts étrangers.
J'étais au Saguenay la semaine dernière; j'y ai rencontré des hommes d'affaires, des travailleurs de l'aluminium et des élus locaux. J'ai pu visiter les installations du Complexe Jonquière, d'Alcan. J'ai pu constater de près la force économique qu'est la Vallée de l'aluminium et la fierté des gens qui y travaillent, mais également leurs réelles inquiétudes face à l'avenir.
De plus, l'incertitude actuelle nuit au développement économique de la région. Alcan est le moteur des deux tiers de l'économie du Saguenay et la communauté toute entière s'inquiète.
Un potentiel envié
Le potentiel de notre pays est énorme. Nous disposons de certaines des ressources naturelles les plus recherchées au monde: l'eau, le bois, les minéraux et l'acier, entre autres. Ces richesses constituent à la fois un potentiel de développement et un héritage à conserver.
Par exemple, les ressources hydroélectriques du Québec, permettant des tarifs avantageux pour l'industrie de l'aluminium, représentent un avantage compétitif certain. Les industries axées sur ces ressources sont le fondement de notre économie. Mais le gouvernement continue de fermer les yeux sur la mainmise étrangère de nos entreprises. Le Canada ne peut être un chef de file sans entreprises canadiennes et québécoises prêtes à utiliser le vaste potentiel de nos ressources naturelles stratégiques.
Les nombreuses acquisitions étrangères mettent en danger non seulement les éventuelles réussites économiques du Québec et du Canada, mais aussi les emplois et les investissements actuels. Lorsque des intérêts étrangers prennent le contrôle des compagnies canadiennes, des emplois bien rémunérés sont exportés vers d'autres pays, et les décisions sont prises à New York, à Paris ou à New Delhi. C'est une tendance malsaine.
Freiner les ventes
Il faut mettre un frein à la prise de contrôle par des intérêts étrangers des entreprises canadiennes et québécoises. En fait, même les PDG canadiens souhaitent que le gouvernement Harper passe à l'action. Si Stephen Harper n'est pas à l'écoute de la population, ni des PDG canadiens, qui a son oreille?
Le gouvernement doit jouer un rôle essentiel en tant qu'intendant de l'économie canadienne. Notre économie doit servir les intérêts des Québécois et des Canadiens, et les acquisitions d'entreprises canadiennes par des intérêts étrangers doivent passer ce test important. Malheureusement, en fermant les yeux sur ces mainmises étrangères, le gouvernement Harper manque à son devoir. Les conservateurs n'ont aucune stratégie pour protéger les intérêts canadiens ni les industries stratégiques bien que nos compétiteurs le fassent.
Il est temps que le gouvernement protège les industries essentielles aux économies québécoise et canadienne. Les outils existent. Par exemple, en ce qui concerne Alcan, le gouvernement peut utiliser la Loi sur l'investissement au Canada pour établir des conditions à tout acquéreur, comme l'établissement de leur siège social mondial au Canada. Le gouvernement peut également demander des garanties en ce qui concerne la transformation secondaire et tertiaire au Canada. Il faut également renforcer la loi en établissant des critères pour mesurer l'avantage net pour le Canada. Il faut un processus d'acquisition transparent, grâce à la tenue d'audiences publiques.
Les Québécois et les Canadiens en ont assez de voir nos entreprises englouties par des compagnies étrangères. Nous souhaitons protéger les entreprises appartenant à des intérêts canadiens et québécois pour que nos communautés puissent s'épanouir pleinement. Il est temps que le gouvernement intervienne afin de protéger nos joyaux économiques.
Jack Layton, Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD)
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