lundi, octobre 22, 2007
La réaction de Jack Layton sur le discours du Trône
Ce sont des principes qui guident notre caucus. Il est uni et il grandit. Je dirige un parti qui connaît ses valeurs. Comme la plupart des travailleurs canadiens, nous estimons que le gouvernement entraîne le pays dans la mauvaise direction et que le programme énoncé dans le discours du Trône continue d'entraîner les Canadiens dans la mauvaise direction.
À un moment où le Canada est en guerre, où notre climat est en crise et où les familles de la classe moyenne perdent de plus en plus de terrain, le gouvernement avait l'obligation de faire preuve de leadership. Or, il ne l'a pas fait. Il a prouvé une fois de plus qu'on ne peut lui faire confiance.
Nous avons écouté très attentivement le discours et je tiens à dire, également, que nous avons écouté très attentivement le premier ministre aujourd'hui.
C'est avec perplexité, par exemple, que nous apprenons que le premier ministre est désormais ouvert à la proposition de longue date du NPD selon laquelle le Sénat doit être aboli.
S'il est sérieux, il devrait tout d'abord commencer par choisir un élu comme personne responsable de dépenser l'argent des contribuables au lieu de confier cette tâche à un sénateur non élu: Michael Fortier. Nous recommandons à ce dernier de s'informer auprès des électeurs de la circonscription où il habite. Évidemment, il n'a pas profité de l'occasion de se présenter dans Outremont pour se faire élire.
S'il est sérieux dans son projet d'abolition du Sénat, le premier ministre va commencer par demander la démission de Michael Fortier et lui demander de se faire élire à la Chambre des communes.
Également, nous accueillons favorablement la proposition contenue dans le discours du Trône de présenter des excuses aux Premières nations du Canada concernant les terribles injustices et les abus du système de pensionnats indiens.
Au cours de l'été, je me suis rendu dans des collectivités un peu partout au Canada et je me suis mis à l'écoute d'un très grand nombre de personnes qui triment dur et qui ont beaucoup de difficulté à joindre les deux bouts. Aujourd'hui, à un moment où la création de richesses au Canada dépasse tout ce qui s'est fait par le passé, les familles travaillent plus fort que jamais et, malgré cela, arrivent à peine à joindre les deux bouts.
En effet, aujourd'hui, le Canadien moyen doit travailler 200 heures de plus par année qu'il y a à peine neuf ans pour éviter de perdre du terrain. Pourtant, l'écart de revenus entre ceux qui gagnent le plus et les autres atteint un sommet de 30 ans. Il y a vraiment quelque chose qui cloche dans tout cela et les Canadiens le savent très bien.
Pratiquement les deux tiers des Canadiens déclarent qu'ils ne profitent pas de la croissance économique du Canada. Quelque chose ne tourne par rond et il faut que cela change.
Nous du NPD appelons cela l'écart de prospérité, un écart qui prend de l'ampleur au Canada, de sorte que les familles de travailleurs et celles de la classe moyenne perdent de plus en plus de terrain. Cet écart engendre de plus en plus d'itinérance et de pauvreté. À l'heure actuelle, au Canada, 2 millions d'aînés vivent dans la pauvreté. Ce sont pourtant eux qui ont aidé à construire les bases qui garantissent notre richesse d'aujourd'hui.
Une poignée de gens tout au haut de l'échelle jouissent des retombées de l'économie actuelle, mais ce n'est pas le cas pour les autres. Des PDG ont touché des salaires et des primes extraordinaires, mais le salaire du commun des mortels est pour ainsi dire bloqué, voire à la baisse pour un grand nombre de familles. À cause du plan d'action du gouvernement, la classe moyenne perd du terrain au Canada.
Cet été, les gens m'ont dit qu'ils attendaient de l'action de la part du gouvernement pour aider leur famille à joindre les deux bouts, pour que leur vie soit plus abordable, pour plus de sécurité financière.
Le gouvernement aurait pu choisir de réduire le fossé entre les riches et le reste d'entre nous. Combler ce fossé aurait pu et aurait dû être une priorité pour cette session parlementaire. Or, les conservateurs ont choisi de ne pas le faire. Ils s'en fichent.
Au fil des ans, les vagues promesses d'action n'ont pas atténué les effets de la crise dans le secteur manufacturier et celui des ressources au Canada. Un véritable leadership s'impose dans ces secteurs clés de notre économie, mais le plan d'action conservateur n'offre aucun espoir aux familles et aux collectivités qui subissent les effets des pertes d'emploi massives causées par les politiques dévastatrices du gouvernement. Les familles sont aussi victimes du manque de leadership dans le domaine des soins de santé.
Des millions de familles ne peuvent pas se trouver un médecin. Les délais sont beaucoup trop longs pour trop de gens et les coûts des médicaments délivrés sur ordonnance continuent de monter en flèche, à telle enseigne que nombre de malades n'ont tout simplement pas les moyens de se procurer les médicaments dont ils ont besoin. J'ai raconté à l'Association des pharmaciens du Canada l'histoire de ces personnes qui se présentent chez le pharmacien avec une ordonnance de leur médecin et qui, lorsqu'elles voient la facture, doivent renoncer aux médicaments prescrits parce qu'elles n'ont pas les moyens de les payer. Les deux pharmaciennes à qui j'ai parlé de cette situation m'ont dit: «Tous les pharmaciens au Canada vivent la même expérience tous les jours. » C'est tragique.
La somme qu'il faut dépenser personnellement pour les médicaments a augmenté de 70 p. 100 depuis 1992. Chaque année, au Canada, les ménages dépensent 3 milliards de dollars en médicaments délivrés sur ordonnance. En ignorant ces enjeux fondamentaux dans le plan d'action qu'il présente dans le discours du Trône, le gouvernement conservateur ferme les yeux sur l'amélioration du système de santé et fait faux bond aux familles d'aujourd'hui.
Pourtant, malgré l'indifférence des conservateurs à l'égard de ces enjeux, le NPD va redoubler d'efforts dans sa campagne pour la mise en place d'un régime d'assurance-médicaments universel qui permettra aux travailleurs canadiens de se procurer les médicaments dont ils ont besoin et de suivre ainsi les conseils de leur médecin et non ceux de leur comptable.
Cet été, j'ai eu l'opportunité de parler avec plusieurs Canadiens et Canadiennes qui travaillent fort pour leur argent. Particulièrement, j'ai passé beaucoup de temps à Montréal, entre autres à Outremont, pour de bonnes raisons, évidemment. J'ai constaté une chose: les électeurs au Québec, comme partout au Canada, ne sont plus simplement inquiets en ce qui concerne les changements climatiques. Non! Ils font maintenant carrément de l'anxiété.
Les travailleurs canadiens s'inquiètent de plus en plus de la crise soulevée par les changements climatiques et de ce que l'avenir réserve à leurs enfants et leurs petits-enfants. Les travailleurs Canadiens sont de plus en plus inquiets. Ils sont en colère de voir que le gouvernement actuel et celui qui l'a précédé n'ont pas donné au Canada les outils dont il aurait besoin pour trouver des solutions au problème des changements climatiques et de la crise qui s'ensuit. L'air que nous respirons est de moins en moins pur.
Sous les libéraux, les émissions de gaz à effet de serre, qui sont si nocifs, ont augmenté de 23 p. 100 au-delà de nos objectifs de Kyoto. Ils ont augmenté plus vite au Canada sous le Parti libéral pendant que l'actuel chef libéral était ministre de l'Environnement qu'aux États-Unis sous l'administration de George Bush.
Nous avons devant nous une crise mondiale sans précédent, et il est inacceptable que le gouvernement utilise les échecs des libéraux comme excuse pour l'inaction. Il faut agir.
Alors que nous sommes confrontés à une crise mondiale sans précédent, nous ne pouvons plus nous cacher derrière les échecs du passé pour justifier notre inertie future, comme le premier ministre a l'habitude de le faire. Nous devons même travailler encore plus fort en vue d'honorer les obligations que nous avons à l'échelle internationale à l'égard de la lutte contre les changements climatiques.
C'est la raison pour laquelle j'affirme qu'il est grand temps de prendre une fois pour toutes des mesures concrètes et non d'affaiblir la Loi canadienne sur la qualité de l’air et les changements climatiques comme le propose le discours du Trône. Ce n'est pas ainsi que le Canada pourra trouver une solution à cette crise. Cela ne témoigne que d'une inaction fondamentale et d'une pure indifférence à l'égard des changements climatiques. Tout cela a des répercussions profondes dans toutes les régions du pays et surtout dans le Nord.
Contrairement à d'autres chefs de parti, j'ai effectué une tournée dans l'Arctique canadien au cours de l'été. J'avais également eu la chance de visiter cette région au cours de l'année dernière. J'ai pu constater par moi-même les énormes répercussions entraînées par les changements climatiques dans cette région. La rapidité avec laquelle tous ces changements se produisent est effrayante. Les anciens m'ont parlé de la rapidité avec laquelle les glaciers reculent. Il y a quelques années à peine, certains glaciers qui ont maintenant disparu derrière les montagnes atteignaient les plans d'eau. Ils m'ont parlé de la fonte du pergélisol, de la végétation qui apparaît en des endroits où il n'y en avait jamais eu auparavant, tout particulièrement autour du parc national voisin de Pangnirtung, de la disparition des caribous, de l'effondrement de l'industrie de la pêche sous la glace qui rapporte des millions de dollars à cause du réchauffement des températures des océans dans cette région.
J'ai parlé avec des anciens qui sont témoins de l'immense détérioration de leur environnement et du mode de vie qu'ils ont toujours connu. Le temps file. J'ai pu constater de nombreux exemples des répercussions sociales et économiques des années de négligence.
En cette Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, nous pouvons créer de l'espoir et apporter des solutions concrètes aux régions nordiques en commençant à investir dans l'infrastructure sociale et économique au lieu de nous restreindre à l'infrastructure militaire. Ce n'est que lorsque nous aurons pris des mesures pour lutter contre l'analphabétisme, la maladie et l'itinérance et pour redonner espoir aux habitants des régions nordiques du Canada que nous pourrons réellement exercer notre souveraineté dans l'Arctique.
Comme je l'ai déjà mentionné, bien que le gouvernement ait pris la bonne direction pour réparer les injustices du passé à l'endroit des Autochtones en annonçant son intention de présenter des excuses aux survivants de la tragédie des pensionnats indiens, il a malheureusement fait un pas en arrière lorsqu'il a voté contre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Encore une fois, le programme des conservateurs traite les peuples autochtones comme des citoyens de deuxième classe dans ce pays. Ce n'est pas juste.
Aux cours de mes déplacements cet été, des gens m'ont dit que la mission de combat en Afghanistan n'est pas la mission appropriée pour le Canada. Ce n'est pas le rôle que les Canadiens veulent voir leur pays jouer sur la scène mondiale.
Le NPD s'est systématiquement prononcé en faveur de la paix, de la reconstruction et de l'assistance. Nous parlons au nom de millions de Canadiens ordinaires qui veulent que le gouvernement change de direction en Afghanistan, qui veulent contribuer à mettre en place une sécurité réelle et un processus de paix, une paix à long terme. Le NPD est le seul parti à avoir toujours été clair et inébranlable à ce sujet. Ce n'est pas la bonne mission pour le Canada.
Le Parti conservateur a réussi à prolonger la mission en Afghanistan jusqu'en 2009 grâce à l'appui du Parti libéral. Conservateurs et libéraux veulent participer à la guerre d'agression au moins jusqu'en 2009, et nous savons que le Bloc québécois est d'accord avec cela.
Seul le NPD demande un retrait immédiat de nos troupes d'Afghanistan. Notre position en faveur de la paix est constante, cohérente et basée sur les principes que partagent une majorité de Canadiens et de Canadiennes.
Le premier ministre dit que, au moyen du discours du Trône, il cherche à obtenir le mandat de gouverner. Le NPD a le mandat de s'opposer à la direction proposée par le gouvernement. Le programme qui a été présenté dans le discours du Trône des conservateurs continue d'entraîner le Canada dans la mauvaise direction dans des domaines clés et ne peut donc pas être appuyé.
Le NPD est un parti de principes. Nous n'avons pas peur des conséquences de nos actions car nous croyons fermement en ces principes. C'est pour cela que nous nous opposerons au discours du Trône. Contrairement au chef du Parti libéral, nous ne ferons pas semblant. Nous ne critiquerons pas pour ensuite rester assis et se cacher derrière des excuses. Nous ne manquerons pas à notre responsabilité.
Nous voterons contre ce discours du Trône au nom des 2,5 millions de Canadiens qui ont voté pour le NPD, mais aussi au nom de tous les Canadiens et Canadiennes qui ont voté contre ce gouvernement et qui ne peuvent compter sur les libéraux.
Le NPD s'opposera à ce discours du Trône parce que notre caucus a des principes. Nous connaissons nos valeurs. Nos députés seront à leur place pour chaque vote et, lorsqu'il sera temps de voter, nous nous lèverons pour exprimer clairement notre opposition à la mauvaise direction dans laquelle le gouvernement entraîne le Canada.
Nous laisserons à d'autres le soin de faire du révisionnisme historique et de se livrer à de tels jeux. Si le chef de l'opposition veut arrêter le programme du gouvernement, je l'invite alors à se joindre à nous en votant contre le discours du Trône. Voilà ce que le NPD va faire: il va faire preuve de leadership.
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