jeudi, août 14, 2008

 

Les scouts, par Richard Martineau

Richard Martineau

Journal de Montréal

14/08/2008 05h37

Les journalistes critiquent beaucoup Nicolas Sarkozy, depuis quelque temps. Ils disent qu'il est trop, trop éparpillé, trop bling bling.

Mais le président de la France n'a pas fait que des mauvaises choses dans sa carrière.

Tenez, le 3 février 2003, quand il était ministre de l'Intérieur (l'équivalent de notre ministre de la Sécurité publique), le mari de Carla Bruni est allé à Toulouse rencontrer des policiers. Voici ce qu'il leur a dit :

«Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier, c'est très bien, mais ce n'est pas la mission première de la police. La mission première de la police, c'est l'investigation, l'interpellation, la lutte contre la délinquance.»

Avouez, ça décoiffe.

CHACUN SON BOULOT

Certains diront que les propos de Sarko sont rétrogrades. Je les trouve quant à moi pertinents et courageux.

Regardez ce qui se passe actuellement à Montréal-Nord. À entendre certains intervenants, les flics devraient passer leur temps à jouer au basket-ball avec les jeunes du quartier et à prendre des cafés avec les résidents ! Est-ce leur rôle ? Est-ce pour ça qu'on les paie ?

Vous ne pensez pas qu'ils ont des choses plus importantes à faire - comme attraper des bandits, faire régner l'ordre et protéger la population, par exemple ?

Demande-t-on aux travailleurs sociaux et aux directeurs de centres jeunesse de donner des contraventions ? Non. Alors, je ne vois pas pourquoi on demanderait aux flics de participer à des concours de danse hip-hop avec les jeunes.

Chacun son métier.

MONSIEUR ROGERS

C'est bien beau, la police communautaire, mais un flic, ce n'est pas un scout. Ni un Chevalier de Colomb.

La mission de la police n'est pas d'aider les p'tites vieilles à traverser la rue ou d'aider les jeunes à organiser un pool de hockey.

Hier, mon confrère David Santerre nous apprenait que les commerçants de Montréal-Nord vivent dans la terreur. Ils doivent donner une partie de leurs revenus aux gangs de rue, ils se font voler, agresser...

Vous pensez que ça les intéresse, vous, de voir les policiers jouer à Roche papier ciseaux dans la cour d'école ?

Que certains policiers manquent de chaleur, personne ne le conteste. Mais de là à transformer les flics en profs d'éducation physique ou en éducateurs de garderies, il y a une maudite limite.

ON EST DONC FINS !

Remarquez, cette vision rose bonbon du travail de la police n'est pas surprenante. Ça s'inscrit parfaitement dans le climat de relâchement général qui règne au Québec.

Les parents sont des amis. Les profs sont des accompagnateurs. Les élèves sont des usagers du système d'éducation. L'État est un partenaire.

On ne fait pas preuve d'autorité, on comprend. On ne punit pas, on pardonne.

Pourquoi dire non quand on peut dire oui ? Pourquoi risquer de se faire lancer des roches quand on peut se faire aimer de tout le monde ?

UN JUSTE MILIEU

Je ne souhaite pas le retour de Dirty Harry. Mais entre un policier qui se promène avec un Magnum à la ceinture et un flic qui distribue des ballons de soccer, il me semble qu'il y a un juste milieu.

Si vous êtes policier et que vous voulez réagir à cette chronique, écrivez-moi. Je protégerai votre anonymat.

«Go ahead, make my day.»

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