jeudi, août 14, 2008

 

Une histoire de violence, par Richard Martineau

Richard Martineau

Journal de Montréal

12/08/2008 05h19

J'ai beaucoup de respect pour les policiers. Je ne voudrais faire leur métier pour rien au monde.
D'un côté, on leur demande d'être durs envers les criminels. De l'autre, on veut qu'ils fassent preuve d'ouverture et de compréhension.

Vous imaginez leur situation ? Ça ne doit pas être drôle tous les jours d'être pris en sandwich entre des criminels qui rêvent de vous foutre une balle entre les deux yeux et des groupes de pression qui montent aux barricades dès que vous utilisez un peu trop vos muscles.

Ça doit être dur pour les nerfs.

QUE S'EST-IL PASSÉ ?

Cela dit, même si j'éprouve beaucoup de sympathie pour les flics, je me pose des questions sur les événements entourant la mort de Freddy Villanueva, le jeune homme abattu par un policier lors d'une intervention qui a mal tourné, samedi soir, à Montréal-Nord.

Que s'est-il passé ? Pourquoi le policier a-t-il utilisé son arme à feu pour calmer les jeunes plutôt qu'une bonbonne de poivre de Cayenne ?

A-t-il paniqué ? Avait-il des raisons de croire que sa vie et celle de sa consoeur étaient en danger ?

Cette tragédie est d'autant plus regrettable que, selon Christine Black, directrice du Centre des jeunes l'Escale, l'été avait été plutôt tranquille dans le quartier.

«On a passé un été paisible, m'a-t-elle dit. Quelques heures avant la mort de Freddy, des jeunes disputaient un match de basket-ball contre des policiers, non loin de là. Les jeunes assis dans les estrades applaudissaient chaque fois que les policiers comptaient un point. Il n'y avait pas de tension, tout le monde s'amusait...»

LES TWITS

Pour l'instant, on ne sait pas ce qui s'est exactement passé à l'arrière de l'aréna Henri-Bourassa, samedi soir.

Mais une chose est sûre : la tension est à couper au couteau dans le quartier. Plusieurs résidents disent qu'ils sont victimes de harcèlement de la part des policiers.

«Les policiers qui patrouillent le quartier connaissent les membres des gangs de rue, m'a dit Michelet. Ils savent qui ils sont. Pourquoi embêtent-ils tout le monde, alors ? C'est comme si les flics embêtaient la population complète d'un village juste parce qu'on y trouvait quelques motards...»

«J'ai l'impression d'être pris entre deux groupes de twits, m'a lancé Yasser, un jeune agent immobilier : les gangs de rue et les policiers. Ils sont aussi pénibles les uns que les autres...»

LA HAINE

Au lendemain des émeutes qui ont embrasé la France en novembre 2005, le réalisateur Mathieu Kassovitz a écrit sur son blogue :

«La haine attise la haine depuis des siècles et pourtant, Nicolas Sarkozy (qui était alors ministre de l'Intérieur) pense encore que la répression est le seul moyen d'empêcher la rébellion...»

Ce à quoi le futur président a répondu : «Vivre dans un quartier populaire ou être le fils de parents immigrés n'autorise nullement à lancer des cocktails Molotov sur la police et des pierres sur les pompiers. Laisser entendre le contraire, c'est insulter tous ceux qui, dans des conditions d'existence identiques, se comportent en citoyens responsables.» Trois ans plus tard, le débat s'est déplacé chez nous.

Espérons que nous apprendrons des erreurs de nos cousins. Car la violence est inacceptable, d'un côté comme de l'autre.

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