mercredi, février 02, 2011

 

Un climat malsain, par Richard Martineau


Richard Martineau
11/01/2011 06h36

On aurait pu croire qu'avec l'élection de Barack Obama, les républicains américains auraient appris leur leçon et changé de disque.

Qu'ils auraient cessé d'alimenter les délires paranoïaques des extrémistes qui empoisonnent leurs rangs pour proposer un discours plus intelligent, s'adressant davantage à la raison qu'à l'émotion.

Mais non.

Si ça se trouve, c'est même pire qu'avant.

Un discours irresponsable

Au moment où j'écris ces lignes, on ne sait pas encore si la fusillade qui a fait six morts en Arizona samedi (et qui a failli coûter la vie à la parlementaire démocrate Gabrielle Giffords, qui a reçu une balle dans la tête) était un geste politique.

Mais une chose est sûre: le discours agressif et provocateur de certaines personnalités du Parti républicain n'a certainement pas aidé à calmer les esprits faibles et influençables.

Au contraire.

Publier, comme l'a fait Sarah Palin l'an dernier, une carte des États-Unis «ciblant» vingt démocrates qui ont eu le malheur d'appuyer la réforme du système de santé (montrant ces politiciens comme s'ils étaient dans la ligne de tir d'un tueur) n'est pas seulement indigne d'une femme qui brigue la présidence, mais c'est totalement irresponsable.

C'est bien beau, utiliser des métaphores guerrières pour parler de politique (tout le monde le fait depuis Sun Tzu et Machiavel, tellement que c'en est devenu un cliché), mais passé une certaine limite, ça devient dangereux.

Pisse-vinaigre

Les républicains n'ont-ils rien d'autre que la rage et la colère à proposer au peuple américain ?

On peut penser ce qu'on veut du président actuel. Trouver qu'il ne livre pas la marchandise ou croire que son programme économique est «anti-américain», car trop interventionniste. Mais qu'on l'aime ou non, il faut reconnaître une grande qualité à Obama : l'homme est intelligent.

Quand il parle aux citoyens, il ne tente pas d'exploiter les peurs, leurs craintes et leurs frustrations, il s'adresse à leur tête, il les invite à participer à un débat d'idées, à discuter, à échanger.

Que font les républicains, eux ?

Ils versent du vinaigre sur les plaies des laissés-pourcompte du système en espérant que ça les fera grimper aux rideaux.

C'est le degré zéro du discours politique.

On adopte ce genre de stratégie quand on n'a plus aucune idée nouvelle à proposer, quand on se retrouve à court d'arguments pour convaincre qui que ce soit.

Des leçons à tirer

Après des décennies de «constitutionnalite» aiguë, nous assistons au retour du débat «gauche-droite» au Québec.

Tant mieux. Il était temps.

Mais j'espère que le niveau de la discussion ne descendra jamais aussi bas que celui que doivent endurer nos voisins du Sud depuis une vingtaine d'années.

Un débat corsé, oui. Des discussions musclées, je l'espère bien. Après tout, une bonne prise de bec n'a jamais fait de mal à personne. Mais je ne vois pas ce que gagnerait notre société à voir nos politiciens, nos commentateurs et nos militants se rouler dans la boue, se lancer des insultes.

Et nourrir la frustration du peuple en véhiculant des théories du complot et des rumeurs non fondées.

Un souhait

À quand un candidat républicain qui va rehausser le niveau du débat et renouer avec l'histoire glorieuse du parti d'Abraham Lincoln ?

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