lundi, janvier 12, 2009

 

Le Hamas, un parti de fascistes religieux, édito de Riposte Laïque


Il y a plusieurs années, j’avais été intéressé par une réunion publique organisée, en banlieue parisienne, par la Ligue des Droits de l’Homme. Le thème était : Paix au Proche-Orient, quelles solutions ? Espérant apprendre des choses, j’étais dans le public, au milieu de 500 personnes. A la tribune, entre autres, siégeaient l’animateur de ce débat, Daniel Mermet, le président de l’époque de la LDH, Michel Tubiana, Leila Shahid, représentante de l’autorité palestinienne en France, Bernard Ravenel, représentant des Comités Palestine, et un représentant de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), qui s’exprimait avec un fort accent anglais.

La tribune eut la parole pendant deux heures et demie. Je fus stupéfait de l’unicité de tous les discours. Israël était le méchant agresseur, et les Palestiniens les innocentes victimes. Daniel Mermet en rajoutait, à chaque transition, dans cette vision manichéenne. Il s’excusa, après la dernière intervention, auprès de la salle, et expliqua qu’il restait très peu de temps pour le débat, donc demanda aux éventuels intervenants de faire très bref. Je bondis sur le micro, et demandai cinq minutes.

Agacé, Mermet m’en accorda trois. Un peu ému, je commencai en disant que ce conflit était attisé par deux extrémismes, l’extrême droite religieuse juive, et l’extrême droite religieuse islamiste. J’expliquai que les uns voulaient un grand Israël, débarrassé des Palestiniens, et que les autres voulaient rayer l’Etat d’Israël de la carte du monde. Je fis donc part de ma surprise devant le fait qu’on n’ait pas encore prononcé une seule fois le nom du Hamas. Je dis rapidement ce qu’était réellement le Hamas, et la ligne politique qu’il défendait. A la tribune, cela commençait à se trémousser nerveusement, et Mermet tenta de m’interrompre. Je lui arrachai une minute pour conclure.

J’ajoutai que j’avais apprécié qu’en France, juifs et arabes aient pu travailler ensemble contre le Front national, au sein de SOS Racisme, et que la solution, au Proche-Orient, ne pourrait voir le jour que si chaque camp isolait ses extrémistes religieux et défendait une société laïque. Je terminai en disant que je souhaitais des réunions plus équilibrées, de la part de la LDH, pour une plus grande crédibilité de l’objectif annoncé : la paix. Un grand silence accompagna toute mon intervention et lui succéda quelques longues secondes où on aurait pu entendre voler une mouche.

Visiblement irrité par mes propos, Mermet passa la parole à Tubiana. Celui-ci commença à dire que la montée de l’islamophobie et du racisme en France était grave. Je l’interrompis de la salle en lui disant que je n’avais pas prononcé le mot islamophobie, et que je le priais de répondre à ce que j’avais dit. Alors que Mermet avait annoncé que la réunion devait se terminer dans le quart d’heure qui suivait, les différents intervenants prirent encore la parole une heure pour me répondre, souvent laborieusement, et justifier leur silence sur le Hamas.

Pourquoi commencer ce premier édito de l’année par cette anecdote déjà ancienne ? Parce qu’elle illustre la dérive de toute une partie de la gauche, politique, associative et syndicale, sur la question palestinienne. Pour avoir publié, dans le numéro 69, la charte du Hamas, et l’avoir qualifiée de raciste, de sexiste et de totalitaire, et pour ne pas avoir épousé le discours compassionnel politiquement correct, notre journal (lire l’abondant courrier des lecteurs) a été l’objet de réactions extrêmement vives, et parfois d’injures, de la part de quelques contradicteurs.

Selon certains, nous serions des monstres indifférents devant la souffrance de la population de Gaza, et serions indulgents devant les massacres de l’Etat d’Israël, colonialiste, raciste, fasciste, qui veut exterminer les Palestiniens comme Hitler a voulu en finir avec les Juifs (pour faire court).

Comme ce serait confortable si le monde était aussi simple. On aimerait dire que ce sont les fascistes qui ont tué le plus de communistes. Hélas, les faits sont têtus, Staline a tué plus de communistes qu’Hitler et, par exemple, il est prouvé que 8.000 officiers polonais ont été exécutés, forêt de Katyn, d’une balle dans la tête, non par les nazis, comme l’a longtemps affirmé la version officielle, mais par l’armée rouge, ce qui n’ôte rien à l’horreur du régime nazi.

Comme il serait confortable, aujourd’hui, dans le même esprit, pour de nombreux militants, d’expliquer les malheurs des peuples arabes par la seule faute de l’état hébreu. Certes, des Palestiniens meurent sous les assauts israéliens qui visent, rappelons le, les cibles politico-militaires du Hamas. Toute victime civile, encore plus un enfant, est toujours une victime de trop. Mais peut-on occulter le fait que le Hamas revendique d’utiliser femmes et enfants comme boucliers humains ? A-t-il existé, historiquement, une guerre « propre », même pour des causes justes et progressistes ?

Faut-il rappeler, d’autre part, que les milliers de Palestiniens tués, lors de l’opération « Septembre noir », dans les années 1970, par les Jordaniens, les morts par milliers, chiites ou sunnites, en Irak et ailleurs, suite à des attentats suicides, prônés par ailleurs par le Hamas, la mort de plusieurs centaines de militants de l’autorité palestinienne, lynchés sans procès lors du putch du Hamas à Gaza, ne sont pas le fait de l’Etat sioniste ? Le drame du Darfour n’est pas le fait de l’impérialisme américain et de son allié israélien, mais celui des milices islamistes. Ecrire cela ne retire rien à la criminelle attitude des Etats-Unis contre l’Irak, mais oblige à une vision de l’histoire un peu moins partiale et compassionnelle.

Ajoutons qu’une lecture géo-politique du monde, telle que celle écrite en 2005 par le général Gallois, est également utile pour mieux comprendre le contexte mondial dans lequel se déroule ce conflit.

Bien sûr, les laïques ne peuvent se retrouver dans certaines positions de l’Etat d’Israël, et la pression qu’y exercent certains milieux religieux. Comment un pays démocratique peut-il accepter qu’il faille se marier à l’étranger pour voir un mariage civil reconnu ? Mais, si la laïcité c’est la liberté de conscience, il n’y a pas de comparaison possible entre le système démocratique en place en Israël, et la logique totalitaire du Hamas. Rappelons que pour lui, la seule solution en Palestine est la soumission à Allah, la destruction d’Israël, l’extermination des juifs et l’imposition de la charia, aux femmes notamment. Pour une femme, pour un homosexuel, pour un laïque, pour un progressiste, vaut-il mieux vivre selon les principes appliqués en Israël, ou selon les règles en vigueur aujourd’hui à Gaza ?

La fascination de toute une partie de la gauche pour les modèles totalitaires, hier le stalinisme, aujourd’hui l’islamisme, révoltera toujours ceux qui, comme nous, pensent que le combat social ne peut occulter une vision de la société où, outre la liberté de conscience et les droits démocratiques, l’égalité entre les hommes et les femmes est une valeur avec laquelle on ne peut pas transiger.

Or, au nom d’une vision qui se veut marxiste, entre les peuples colonisés et les peuples colonisateurs, ceux qui hier faisaient preuve d’une complaisance criminelle avec les bureaucrates staliniens, ou bien des trotskistes qui semblent orphelins du mur, reproduisent aujourd’hui cette erreur consternante, certains voyant même dans le Hamas aujourd’hui, dans le Hezbollah hier, les représentants des pauvres et des opprimés, comme le démontre le romancier Thierry Jonquet dans un texte magnifique paru il y a deux ans.

Il est d’ailleurs curieux de constater que cet aveuglement conduit cette frange de la gauche à avoir combattu, parfois avec virulence, la campagne pour une loi contre les signes religieux à l’école. Ce sont également les mêmes qui ferment les yeux, au quotidien, devant l’offensive de l’islam, en France et en Europe, contre la laïcité, la République et le droit des femmes. Que peuvent-ils répondre à Sarkozy quand il défend la laïcité positive, ils défendent cette thèse avec l’islam depuis 20 ans ! Avez-vous remarqué qu’on les entend fort peu sur les provocations de Dieudonné donnant la parole à Faurisson ?

Certains pensent que le clivage essentiel, dans une société démocratique, serait le social, et la répartition des richesses. Ils pensent que le fait de se réclamer de la religion des pauvres et des opprimés donne le droit de prendre toutes les libertés avec nos principes républicains. Eh bien non !

Nous ne pouvons avoir un projet de société commun avec des gens qui accompagnent l’offensive des fascistes islamistes, même si ces militants disent des choses justes sur la répartition des richesses et les scandaleuses inégalités sociales.

Nous n’avons pas envie de vivre dans un pays où des enclaves musulmanes sont de plus en plus nombreuses et développent sur notre territoire la propagande du Hamas, et son projet de société fasciste.

Nous n’avons pas envie de voir des mosquées envahir de plus en plus l’espace public, encore moins quand elles sont payées avec nos sous !

Nous n’avons pas davantage envie d’entendre des religieux juifs réclamer des dispositions particulières pour l’école du samedi, ni les autres Eglises réclamer des accommodements raisonnables avec les principes laïques et la loi de 1905.

Nous constatons que ceux qui, aujourd’hui, accusent Israël de crime de guerre, et manifestent contre cela (sans se soucier de l’aubaine que cela représente pour les fous d’Allah), ne sont pas dans la rue quand des attentats suicides causent des milliers de morts, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Espagne, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Egypte, en Irak, en Indonésie, et partout dans le monde où la culture de la mort sévit, au nom du prophète. Tant pis pour les musulmans et les populations arabes, premières victimes de ce fascisme religieux, il ne faut pas détourner les masses du seul vrai combat : celui contre l’impérialisme américain, et son allié sioniste. D’où les manifestations où les drapeaux du Hamas côtoient ceux du PCF (ndlr : parti communiste français) ou de la LCR ! (ndlr : ligue communiste révolutionnaire)

Hier, il fallait taire les réalités des régimes staliniens, pour ne pas désespérer Billancourt, et ne pas détourner les masses laborieuses du combat contre l’Etat bourgeois. A une autre époque, au nom du défaitisme révolutionnaire, il ne fallait pas lutter contre l’Allemagne nazie, lorsqu’elle occupait la France, car cela aurait été favoriser son propre impérialisme !

A quand un peu de bon sens, et la reconnaissance que la défense des valeurs laïques, féministes, humanistes, démocratiques ont bien plus d’importance que des visions idéologiques du monde où on finit par défendre des fascistes religieux parce qu’ils représenteraient des opprimés (dont ils n’ont d’ailleurs rien à faire, leur seule perspective étant d’imposer le jihad dans le monde entier).
Comme l’écrivait récemment Henri Guaino, décidément, parfois, les étiquettes empêchent de penser.


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Offensive de Gaza : usage disproportionné de la force ?, par Dore Gold


L’accusation qu’Israël utilise une force disproportionnée refait surface chaque fois qu’il a à défendre ses citoyens contre des agressions par des organisations terroristes. Dore Gold, du Jerusalem Center for Public Affairs, analyse la notion de proportionnalité sous l’angle du droit international et comme enjeu stratégique.

Sur ce thème, voir aussi dans notre section vidéo : Expert légal sur la notion d’attaque "disproportionnée".

La légalité des actions d’Israël est systématiquement scrutée à la loupe par des experts du droit humanitaire international. Aucun autre pays démocratique dans le monde n’est soumis à un tel niveau d’examen. Par contre, les crimes du Hamas, une entité terroriste connue pour faire usage de boucliers humains, ne sont généralement pas dénoncés. Hier, l’organisme NGO Monitor a d’ailleurs réclamé la démission des dirigeants de puissantes ONG, soit Amnistie, Human Rights Watch et B’tselem (basé en Israël), soulignant leur responsabilité morale directe dans la mort de civils tant palestiniens qu’israéliens en raison de leur mutisme sur ces crimes.

Plus près de chez nous, on observe le mutisme des groupes islamistes et de nos commissions des « droits humains » face aux appels répétés au meurtre des Juifs proférés dans les rues de Montréal et de Toronto lors des manifestations contre l’action militaire d’Israël dans la bande de Gaza. Ils doivent être trop occupés à scruter des écrits inoffensifs comme ceux de Maclean’s et de Mark Steyn. La liberté d’expression des manifestants scandant des slogans haineux et génocidaires bénéficiait, elle, d’une protection policière.

Israël jouit présentement d’un faible degré de compréhension dans les milieux diplomatiques et les médias pour avoir lancé une opération militaire de grande envergure contre le Hamas le 27 décembre. Il y a cependant des voix importantes au niveau international pour dénoncer l’utilisation, par Israël, d’une force disproportionnée dans sa lutte contre le Hamas.

Des agglomérations peuplées ciblées par des tirs de roquettes

Il y a de bonnes raisons expliquant le silence initial des critiques d’Israël. Après tout, des centres d’agglomérations du sud d’Israël ont été la cible de plus de 4000 roquettes et de milliers d’obus de mortier lancés par le Hamas et d’autres organisations depuis 2001. La majorité de ces attaques ont été menées après le retrait complet d’Israël de la bande de Gaza en août 2005. Les attaques à la roquette ont augmenté de 500 pour cent de 2005 à 2006 (passant de 179 à 946).

En outre, le Hamas a récemment élargi le rayon de ses capacités de frappe grâce à de nouvelles roquettes fournies par l’Iran. Le Hamas a utilisé une roquette Grad/Katyusha d’une portée de 20,4 kilomètres pour la première fois le 28 mars 2006, mettant la ville israélienne d’Ashkelon à portée de ses roquettes. Cette modification a fait passer de 200.000 à un demi-million le nombre de civils Israéliens menacés par les roquettes. En outre, le 21 décembre 2008, Yuval Diskin, chef de l’Agence israélienne de sécurité, a informé le gouvernement israélien que le Hamas avait acquis des roquettes pouvant atteindre Ashdod, Kiryat Gat, et même la périphérie de Beersheba. En fait, la première frappe de Grad/Katyusha sur Ashdod a eu lieu le 28 décembre. Il n’y a pas eu de cessez-le-feu officiel entre Israël et le Hamas, mais seulement une tahadiya (pause) informelle de six mois au cours de laquelle 215 roquettes ont été lancées sur Israël. Le 21 décembre, le Hamas a annoncé de manière unilatérale que la tahadiya avait pris fin.

Les critiques

Le 27 décembre 2008, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a publié une déclaration indiquant que le Secrétaire général, « tout en reconnaissant les soucis de sécurité d’Israël concernant les tirs continus de roquettes en provenance de Gaza », réitérait « l’obligation d’Israël de se conformer au droit humanitaire international et aux normes régissant les droits de l’homme ». La déclaration mentionne spécifiquement qu’il « condamne l’usage excessif de la force qui cause des morts et des blessés parmi les civils » [italiques ajoutés].

Le lendemain, Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a « fermement condamné l’usage disproportionné de la force par Israël. » Le Président français Nicolas Sarkozy, qui détient la présidence tournante de l’Union européenne (ndlr : il a été remplacé le 1er janvier), a également condamné « l’usage disproportionné de la force » par Israël, tout en demandant au Hamas de mettre fin à ses attaques à la roquette sur Israël. Le Brésil a également joint ce chœur, critiquant la « riposte disproportionnée » d’Israël. Sans aucun doute, une puissante impression a été créée par les grands titres des médias occidentaux qui décrivent des frappes aériennes israéliennes massives dans la bande de Gaza, sans avancer aucune explication sur leur cause.

La proportionnalité et le droit international : la protection des civils innocents

L’accusation qu’Israël utilise une force disproportionnée refait surface chaque fois qu’il a à défendre ses citoyens contre des organisations terroristes non-étatiques et leurs attaques à la roquette. Du point de vue strictement juridique, les actions militaires d’Israël en cours dans la bande de Gaza sont assises sur des bases solides. Selon le droit international, Israël n’est pas tenu de calibrer son usage de la force en fonction de la dimension et de la portée des armes utilisées contre lui (on ne s’attend pas qu’Israël se mette à fabriquer des roquettes Kassam puis à les renvoyer sur la bande de Gaza).

Pour les experts juridiques internationaux, l’expression « usage disproportionné de la force » a un sens très précis. Comme la Présidente de la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye, Rosalyn Higgins, l’a noté, la proportionnalité « ne peut pas se mesurer à l’aune d’un préjudice antérieur spécifique. Elle doit être en rapport avec l’objectif légitime plus large de mettre fin à l’agression. » En d’autres mots, si un État, par exemple Israël, fait face à une agression, alors la proportionnalité s’apprécie en déterminant si Israël a eu recours à la force dans le but spécifique de mettre fin à l’agression armée contre lui. Par conséquent, la force devient excessive si elle est employée à une autre fin, comme causer des pertes inutiles aux civils. Le facteur crucial servant à déterminer le caractère excessif de la force utilisée est l’intention du commandant militaire à l’égard des pertes civiles incidentes.

Qu’en est-il des données sur le nombre de victimes civiles ? Certaines agences de presse internationales ont souligné que la grande majorité de ceux qui ont été tués dans la première phase de l’opération de Gaza étaient des agents du Hamas. Ibrahim Barzak et Amy Teibel ont écrit pour l’Associated Press le 28 décembre que la plupart des 230 Palestiniens qui auraient été tués étaient des « forces de sécurité », et des responsables palestiniens ont déclaré qu’« il y avait au moins 15 civils parmi les morts. » Il est certainement beaucoup trop tôt pour évaluer les pertes palestiniennes, mais même si elles augmentent, les chiffres rapportés révèlent qu’il n’y avait pas d’intention d’infliger des pertes collatérales disproportionnées chez les civils.

Au cours de la Seconde guerre au Liban, le professeur Michael Newton de l’Université Vanderbilt a eu des échanges avec William Safire du New York Times sur la question de la proportionnalité et du droit international. Le Council on Foreign Relations avait cité le test de proportionnalité proposé par Newton : « Si quelqu’un vous donne un coup de poing sur le nez, vous ne mettez pas le feu à sa maison ». Newton servait comme expert en droit pénal international à Bagdad et a cherché à corriger l’impression donnée par sa citation. Il a précisé qu’aucun commandant militaire responsable ne cible délibérément des objectifs civils, et admis que telle était la pratique israélienne.

Un principe crucial du droit international veut que dans la mesure où l’on a tenté de « minimiser les dommages civils, un raid qui cause d’importants dommages -, mais qui vise une cible ayant une très grande valeur militaire - serait licite. » Les nombres comptent moins que le but du recours à la force. Israël a fait valoir qu’elle prend précisément pour cibles les installations servant le régime du Hamas, en vue de contrecarrer les efforts déterminés de cette organisation de poursuivre ses agressions à la roquette contre Israël. Sont ciblés le siège du Hamas, les bases d’entraînement, les dépôts d’armes, le commandement et le contrôle des réseaux, et les tunnels de contrebande d’armes. De cette manière, Israël se conforme à la norme juridique internationale de proportionnalité.

Par ailleurs, il y aurait disproportion si l’armée cherchait à attaquer une cible dont la valeur est minime en comparaison des énormes risques de pertes civiles collatérales. Ce point a été souligné le 9 février 2006 par Luis Moreno-Ocampo, Procureur en chef de la Cour pénale internationale, dans le cadre de l’analyse de la guerre en Irak. Il a expliqué que le droit international humanitaire et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale « permettent aux belligérants de lancer des attaques non excessives [italiques ajoutés] contre des objectifs militaires, même en sachant qu’elles causeront incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile et des blessures aux personnes civiles. » Une attaque devient un crime de guerre lorsqu’elle est dirigée contre des civils (ce qui est précisément ce que fait le Hamas), ou lorsque « les pertes incidentes chez les civils seraient manifestement excessives par rapport à l’avantage militaire attendu. » En fait, les experts juridiques d’Israël, jusqu’à la chaîne de commandement de l’armée, procèdent à ces calculs avant toute opération militaire de ce type.

La proportionnalité comme enjeu stratégique

Au-delà de la question du droit international, l’accusation qu’Israël utilise une force disproportionnée dans la bande de Gaza, en raison des rapports sur le nombre des victimes palestiniennes, doit être soumise à un examen critique. Les Israéliens se sont souvent dits entre eux au cours des sept dernières années que lorsque des roquettes du Hamas frapperont directement une école bondée, tuant de nombreux enfants, alors Israël réagira.

Ce scénario soulève la question de savoir si la doctrine de la proportionnalité exige qu’Israël attende que cette horreur se produise, ou si Israël peut agir sur la base de la capacité de destruction de l’arsenal que le Hamas possède déjà, des déclarations d’intentions hostiles de ses dirigeants, et de son utilisation actuelle des roquettes. Le professeur de droit de Harvard Alan Dershowitz notait ceci il y a deux ans : « La proportionnalité doit être définie par référence à la menace annoncée par un ennemi, et non par les dommages qu’il a causés. » Attendre que les roquettes du Hamas tombent sur une école israélienne, a-t-il noté avec justesse, mettrait Israël dans la position de permettre à « ses ennemis de jouer à la roulette russe avec ses enfants. »

La réalité fondamentale est que dans la lutte contre le terrorisme, aucun État n’est prêt à jouer à la roulette russe. Après que les États-Unis aient été attaqués le 11/9, une coalition occidentale a été formée pour renverser le régime des Talibans en Afghanistan. Personne n’a comparé le nombre des victimes afghanes en 2001 au nombre des victimes des attaques d’Al-Qaïda. Compte tenu qu’Al-Qaïda cherchait des armes non-conventionnelles, il était indispensable de mener une campagne visant à le priver du sanctuaire dont il avait bénéficié en Afghanistan, même si cette lutte se poursuit jusqu’à présent.

Y a-t-il proportionnalité contre des forces armées ?

Dans des guerres de contre-insurrection, la plupart des armées cherchent à atteindre la victoire militaire en anéantissant autant que possible la capacité militaire de l’adversaire. Il n’y a clairement aucune attente internationale que les pertes militaires en temps de guerre soient symétriques. La plupart des armées cherchent à éliminer autant de forces ennemies que possible tout en minimisant les pertes au sein de leurs propres troupes.

Des pays membres de l’OTAN ont critiqué « l’usage disproportionné de la force par Israël », alors que des armées de l’OTAN affichent avec fierté leur « kill ratio » contre les Talibans en Afghanistan. En outre, une action militaire décisive contre un agresseur a le mérite de renforcer la dissuasion. Attendre d’Israël qu’elle renonce à l’emploi d’une force décisive contre des cibles militaires légitimes dans la bande de Gaza est le condamner à une longue guerre d’usure avec le Hamas.

Toute perte de vie civile est vraiment regrettable. Israël a annulé de nombreuses opérations militaires par souci des victimes civiles. Mais si des pertes civiles se produisent malgré les efforts d’Israël pour les éviter, la responsabilité n’incombe pas à Israël. Comme le philosophe politique Michael Walzer a écrit en 2006 : « Quand les militants palestiniens lancent des attaques à la roquette à partir de zones civiles, ils sont eux-mêmes responsables, et personne d’autre, pour la mort des civils causée par les ripostes israéliennes ».

Les critiques internationales d’Israël cherchent possiblement des déclarations équilibrées qui répartissent le blâme pour le conflit actuel entre les deux parties. Elles seraient cependant mieux servies si elles ne se livraient pas à cet exercice artificiel, et distinguaient clairement la partie qui est l’agresseur dans ce conflit, le Hamas, et la partie qui cherche à vaincre l’agression contre des civils, Israël.

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