vendredi, juillet 25, 2008

 

Karzaï durement critiqué, par Anne Humphreys

Dans une lettre ouverte publiée jeudi sur le site Internet du New York Times , un ancien diplomate américain affirme que le président afghan, Hamid Karzaï, protège les seigneurs de la drogue en Afghanistan, entravant ainsi la lutte contre le trafic d'héroïne.Le papier est signé par Thomas Schweich, qui était chargé auprès de l'ambassade des États-Unis à Kaboul de lutter contre le trafic de la drogue en Afghanistan, de mars 2006 à juin 2008.

Selon M. Schweich, la narcocorruption aurait atteint le sommet du gouvernement afghan. Il allègue même que des membres du gouvernement Karzaï seraient impliqués dans le trafic de la drogue, mais que le président ferme les yeux.

Les narcotrafiquants achèteraient le silence de chefs de polices, de juges et d'autres responsables. De plus, lorsque les trafiquants sont arrêtés et condamnés, ils corromperaient les agents de prison, de sorte que leur emprisonnement est de courte durée.

L'Afghanistan produit 90 % de l'héroïne mondiale. En 2007, 880 tonnes de pavot, à l'origine de la fabrication de l'héroïne, auraient été produites dans le pays. Les régions de Helmand et de Kandahar, où se trouvent les troupes canadiennes, sont les deux provinces les plus touchées par la production d'opium. Selon des chiffres avancés par les Nations unies, la vente d'héroïne sur le marché noir aurait remporté 4 milliards de dollars (US) en 2007.

Thomas Schweich estime que la lutte au trafic de stupéfiants en Afghanistan est un échec. Selon lui, la culture du pavot aurait augmenté de 17 % en 2007 comparativement à 2006. De plus, cette année, l'éradication des cultures de pavot n'équivaudrait qu'au tiers des 20 000 hectares détruit en 2007, soit environ 6600 hectares.

L'ancien diplomate ne blâme pas uniquement le gouvernement Karzaï dans l'échec à la lutte contre le trafic de drogue. Selon lui, le Pentagone fait une erreur en attendant la fin de la guerre en Afghanistan pour mettre fin au trafic de stupéfiants, car l'argent empoché par la production d'héroïne entretient l'insurrection des talibans.

M. Schweich croit également que les pays membres de l'OTAN devraient s'impliquer davantage dans cette lutte.

Une étrange cabale d'Européens timorés, de médias aveugles, d'Afghans corrompus, d'officiers du Pentagone bornés, de démocrates aux motivations politiciennes et de talibans a empêché la mise en oeuvre d'un programme antidrogue efficace.

— Thomas Schweich

Plaidoyer de Karzaï

Le président afghan, Hamid Karzaï, a réfuté jeudi les allégations de Thomas Schweich. M. Karzaï estime que l'explosion du trafic de drogue dans son pays n'est pas uniquement imputable à l'Afghanistan. « Sans doute certains Afghans sont des trafiquants de drogue, mais la majorité [ des trafiquants] font partie de la mafia internationale qui ne vit pas en Afghanistan », a-t-il dit.

Radio-Canada.ca avec Agence France Presse, Presse canadienne et Site du New York Times Magazine

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Commentaires:
Karzaï sera toujours critiqué par son à-plat-ventrisme face à l'administration Bush. N'oublions pas qu'il avait été nommé vice-ministre des Affaires étrangères lorsque les moudjahidin prennent Kaboul en 1992. Devant les affrontements des chefs de guerre membres du gouvernement, il tente en 1994 de persuader le commandant Massoud de reprendre le gouvernement, mais celui-ci le soupçonne d'être un agent du Pakistan et le met en prison. Il s'échappe grâce à la destruction fortuite de sa prison par une roquette.

Il collabore ensuite avec les talibans mais, après la prise de Kaboul en 1996, il refuse le poste des représentant des talibans à l'ONU proposé par le mollah Omar. Il rompt toute relation avec le régime après l'assassinat de son père le 14 juillet 1999, probablement par un taliban.

Hamid Karzaï est repéré dans les années 1990 par Zalmay Khalilzad, un afghan naturalisé aux États-Unis en 1984 et qui fait partie de la RAND Corporation, un think tank proche de l'administration des États-Unis et actuel ambassadeur des États-Unis en Afghanistan, comme en a fait référence Michael Moore dans son film Fahrenheit 9/11.

Sur ses conseils, le département d'État décide de le promouvoir comme futur président ; pour lui donner une légitimité, il est envoyé en Afghanistan en octobre 2001 pour rassembler quelques tribus pashtounes contre les talibans, les actes de guerre étant en fait largement effectués par les forces spéciales américaines et britanniques.
 
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