mardi, juillet 15, 2008

 

Les mythes des années 60, par Richard Martineau

Richard Martineau

Journal de Montréal

10/07/2008 08h53

On parle beaucoup des années 60, ces temps-ci. Les quarante ans de mai 68, du meurtre de Martin Luther King, de l'assassinat de Robert Kennedy, de la sortie de l'album blanc des Beatles, etc.

Si vous en avez ras le bol d'entendre toujours les mêmes anecdotes sur cette sacro-sainte période, je vous conseille fortement de lire The Sixties Unplugged, de Gerard J. DeGroot.

Cet essai passionnant vous fera voir cette décennie d'un autre oeil.

UNE MINORITÉ

Prof d'histoire moderne à l'Université de St. Andrews en Écosse, DeGroot prend plaisir à démolir les mythes entourant les années 60. Mythe numéro Un: la jeunesse était contre l'establishment. «Complètement faux», affirme DeGroot.

Quand on regarde les documentaires sur les années 60, on a l'impression que tous les jeunes manifestaient sur les campus, fumaient du pot et prônaient l'amour libre. Or, les révolutionnaires et les hippies étaient minoritaires.

La plupart des jeunes étaient conservateurs. Ils travaillaient, étudiaient... En 1967, le magazine Newsweek a commandé un sondage national pour savoir quel était l'organisme politique le plus populaire auprès des jeunes. La réponse? L'aile jeunesse du Parti républicain!

Les hippies, dit DeGroot, ont fait beaucoup de bruit, mais contrairement à ce que nous répètent constamment les babyboomers, ils n'étaient pas représentatifs de l'ensemble de la jeunesse américaine.

C'est comme les Français dans les années 40: ce n'est pas vrai qu'ils étaient tous dans la Résistance!

À DROITE, TOUS !

Mythe numéro Deux: la Californie était le bastion de la contre-culture. Qui a été élu gouverneur de la Californie en 1966? Ronald Reagan, avec 58% des voix. En 1970? Encore Ronald Reagan, avec 53% des voix.

Loin d'avoir tout foutu en l'air, les Californiens ont pavé la voie à l'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire des États-Unis...

UNE GÉNÉRATION SPONTANÉE ?

Mythe numéro Trois: les années 60 ont effectué une brisure. «Une bêtise», lance DeGroot. Les baby-boomers aiment à dire qu'ils ont cassé l'Histoire en deux, mais c'est complètement faux. Les années 60 n'étaient que la continuité de ce qui s'était passé auparavant.

Prenons le mariage. Les anciens combattants des années 1960 se pètent les bretelles en disant qu'ils ont révolutionné la famille. Avant, disent-ils, les gens avaient besoin de se marier pour coucher ensemble et avoir des enfants. Mais on a changé tout ça...

Or, entre 1941 et 1964, le nombre d'enfants nés hors des liens du mariage a augmenté de 150% aux États-Unis.

Bref, les baby-boomers américains n'ont rien inventé. Ils ont juste suivi le courant, c'est tout...

VIVE LA CONSOMMATION !

Pour DeGroot, la contre-culture des années 60 n'a pas détruit la société de consommation. Elle l'a renforcée.

Pas étonnant qu'on retrouve une boutique Gap au coin des rues mythiques Haight et Ashbury, à San Francisco. La contreculture était d'abord et avant tout une révolte capitaliste.

Elle a permis au système de s'enrichir en défrichant et en exploitant un tout nouveau marché: celui de la jeunesse.

Les vieux s'achetaient une Ford pour montrer leur attachement aux valeurs traditionnelles? Les jeunes s'achetaient une Volkswagen!

C'est comme les altermondialistes qui critiquent le capitalisme en s'achetant des t-shirts Che Guevara.

La société de consommation est morte? Vive la société de consommation!

Lien

Libellés : , ,


Commentaires: Publier un commentaire

S'abonner à Publier des commentaires [Atom]





<< Accueil

This page is powered by Blogger. Isn't yours?

S'abonner à Messages [Atom]