mercredi, septembre 10, 2008

 

Enquête sur les prêches haineux dans une prestigieuse mosquée de Londres, par Iba Bouramine

Dans le cadre d’un reportage d’enquête, une journaliste a filmé des prêches fondés sur la version saoudienne extrémiste de l’islam à la mosquée Regent Park. On enseigne qu’il faut tuer les homosexuels, les adultères et les apostats, se tenir à l’écart des mécréants et les haïr, que les femmes doivent se couvrir complètement et vivre sous tutelle, que les Juifs et les chrétiens sont vils et malveillants, etc.

Ce reportage est la suite de Undercover Mosque diffusé en 2007 sur Channel 4 qui montrait des prédicateurs appelant au djihad et au meurtre d’infidèles. Vous pouvez le visionner ici (version sous-titrée en français) : Londres - Prêcher la haine dans les mosquées. Depuis le reportage de 2007, rien n’a changé à Regent Park, malgré des promesses de sévir contre l’extrémisme.

Dans un revirement orwellien, au lieu de poursuivre les fanatiques montrés dans le reportage de 2007, la police et le bureau du procureur se sont tournés ...contre le télédiffuseur et les auteurs du reportage, les accusant d’édition sélective, de distorsions et de saper la cohésion sociale. Une plainte a aussi été déposée auprès de l’organisme de surveillance des télédiffuseurs britanniques. Les plaintes ont toutes été rejetées, et Channel 4 a ensuite poursuivi la police et le bureau du procureur en diffamation. Ces derniers ont été condamnés à verser des dommages-intérêts importants et à offrir des excuses publiques.

Pour des statistiques sur le nombre de musulmans qui partagent ces vues extrémistes, voir : Grande-Bretagne - Sondage : Pour 1/3 des étudiants musulmans, tuer au nom de la religion est justifié, et un sondage de la BBC. Selon ce dernier sondage, 37% des jeunes musulmans britanniques veulent vivre sous la charia et 36% sont en faveur de la peine de mort en cas d’apostasie. Ces sondages mettent en lumière la naïveté de la journaliste Sarah Hassan qui, comme beaucoup d’autres, veulent nous faire croire que seule une proportion infinitésimale des musulmans ont des vues extrêmes.

La version wahhabite (ou salafiste) de l’islam filmée à Londres par Sarah Hassan est aussi enseignée au Québec et ailleurs au Canada. Suivez les liens au bas de la page.

Nous vous recommandons aussi le dernier article du Canadien d’origine pakistanaise Tahir Aslam Gora : Le Canada a besoin d’une loi pour contrer l’idéologie islamiste haineuse Traduction de : Preachers of separatism at work inside Britain’s mosques, par Sarah Hassan, Telegraph, le 31 août 2008

Des prédicateurs prêchent la ségrégation dans les mosquées britanniques

Les principales organisations musulmanes de Grande-Bretagne disent qu’elles luttent contre l’extrémisme. Sara Hassan a été témoin, dans l’une de nos mosquées les plus respectées, de prêches radicaux par des femmes qui prônent la ségrégation. Elle rend compte des résultats choquants de son enquête.

Depuis le balcon qui surplombe le magnifique hall principal de la mosquée de Regent Park à Londres, considérée comme la plus importante mosquée en Grande-Bretagne, je filme clandestinement la femme qui prêche.

Comment doit-on traiter le musulman qui se convertit à une autre religion ? «Nous le tuons», dit-elle, «tuez, tuez, tuez. Vous devez le tuer, comprenez-vous ?»

«Les adultères», dit-elle, «doivent être lapidés à mort». «Quant aux homosexuels et aux femmes qui font comme les hommes... le châtiment est la mort, tuez-les, jetez-les de l’endroit le plus élevé».

Ces châtiments, dit-elle, devront être appliqués dans un futur État islamique. «Je ne vous dis pas de commencer à tuer des gens», poursuit-elle. «Il devra y avoir un dirigeant musulman quand l’armée musulmane sera forte, quand l’islam sera assez fort».

Une jeune étudiante du groupe l’interrompt. Le châtiment doit aussi comprendre la lapidation à mort des homosexuels après qu’ils aient été jetés d’un endroit élevé.

Je ne m’attendais jamais d’entendre ce genre d’enseignement dans la mosquée de Regent Park, qui est censée promouvoir le dialogue interconfessionnel et la modération. Elle a été établie il y a plus de 60 ans pour représenter les musulmans britanniques auprès du gouvernement. Plusieurs de celles qui écoutaient le prêche étaient des adolescentes britanniques ou, ce qui est encore plus préoccupant, des jeunes enfants. Mon enquête pour Channel 4’s Dispatches est la suite de l’émission Undercover Mosque diffusée l’année dernière. Il s’agissait d’une enquête sur des allégations que des enseignements intolérants et fondamentalistes sont propagés dans les mosquées de Grande-Bretagne par l’establishment religieux saoudien ayant des liens étroits avec le gouvernement de l’Arabie saoudite.

En réponse au reportage, le Royaume d’Arabie saoudite a nié propager l’intolérance. La mosquée de Regent Park, quant à elle, a exhorté toutes les mosquées à la «vigilance» et à surveiller ce qui s’enseigne dans leurs locaux.

Plus tôt cette année, vêtue du jilbaab islamique, je suis retournée à la mosquée de Regent Park pour voir ce qu’on y enseigne. En tant que femme, j’ai dû aller dans la section principale des femmes où j’ai trouvé un cercle prêchant chaque samedi et dimanche, huit heures d’affilée, à toute femme qui vient prier.

La mosquée est vouée à la promotion de la modération et de l’intégration. Mais bien que le cercle ne prêche pas le terrorisme et n’incite pas les musulmans à enfreindre les lois britanniques, il enseigne aux musulmanes à se «tenir à l’écart» et à ne pas se mêler aux mécréants. «L’islam se tient à l’écart de l’incroyance et des mécréants, les gens qui ne croient pas».

L’amitié avec les non musulmans est découragée parce que «la loyauté est réservée aux seuls musulmans, pas aux koufars (mécréants)».

Une femme qui maintenait des liens amicaux avec une non musulmane a été sévèrement critiquée : «L’islam véritable enseigne que vous devez aimer ceux qui aiment Allah et haïr ceux qui haïssent Allah».

Un prédicateur va jusqu’à dire que les musulmans ne devraient pas vivre en Grande-Bretagne : «Il n’est pas convenable pour les musulmans de résider dans le pays du mal, le pays des koufars, le pays des mécréants».

Une autre, Um Saleem, dit que les musulmans ne doivent pas acquérir la citoyenneté britannique car leur loyauté est réservée à Allah.

«Certaines conditions peuvent vous mener vers l’incroyance. Prendre la citoyenneté britannique, que cela vous plaise ou non, pour ces personnes, vous vendez votre religion, c’est une chose très grave, il n’est pas permis de vouer allégeance à un autre qu’Allah».

Leur enseignement m’a choqué. Ce n’était pas l’islam que moi-même et beaucoup d’autres musulmans au Royaume-Uni avons appris dans notre jeunesse, ni la version pratiquée par la plupart des musulmans.

J’ai été étonnée du nombre de jeunes femmes britanniques qui semblent trouver cette version de la religion attrayante. Une jeune fille m’a dit que lorsqu’elle a assisté au cercle pour la première fois, elle portait des jeans et avait de nombreux amis non musulmans. Maintenant, elle aime seulement celles qui l’entourent, les «autres sœurs du cercle», et n’entre en relation avec les non musulmans que pour tenter de les convertir. La plupart des sœurs avaient l’idée de vivre en communauté séparée, un concept qui m’est étranger ainsi qu’à plusieurs autres musulmans que je connais.

La mosquée de Regent Park a un important service interconfessionnel qui reçoit la visite du gouvernement, de fonctionnaires, de représentants d’autres religions et de milliers d’écoliers britanniques chaque année.

J’ai observé la réunion d’un groupe interconfessionnel invité à la mosquée par le cercle des femmes pour un échange civilisé. Mais hors la présence de ce groupe interconfessionnel, le prédicateur a attaqué les autres confessions et l’idée même d’un dialogue interreligieux.

Un prédicateur a dit au sujet de la prière des chrétiens dans une église : «Qu’est-ce que ces gens font là, ces choses sont si odieuses, ce qu’ils disent avec leur langue est tellement ignoble et dégoûtant, c’est une abomination.» Quant à la notion du vivre et laisser-vivre interreligieux : «C’est faux. Cela ne fonctionne pas. Ce concept est un mensonge, une fausseté, et c’est une farce.»

Comme beaucoup d’autres femmes dans le cercle, j’ai rapidement été invitée à des séances privées dans des maisons autour de Londres pour en «savoir plus» sur l’islam, du moins leur version de l’islam. Um Saleem assistait aussi à certaines de ces sessions. Ici, les femmes reçoivent des instructions strictes sur la manière de vivre. On leur rappelle que les femmes musulmanes britanniques ne peuvent voyager sans un tuteur de sexe masculin, elles ne doivent pas se mêler aux hommes et doivent demeurer entièrement couvertes en tout temps.

Une femme dans l’auditoire a posé des questions sur la règle stricte l’empêchant de voyager sans être escortée par un mahram, soit un membre masculin de la famille. Elle a demandé : «Soeur, si moi et mon mari ne pouvons voyager ensemble, que dois-je faire si je veux faire le voyage ?» On lui a dit qu’elle ne pouvait voyager par elle-même.

Elle a demandé encore une fois : «Alors, que dois-je faire ?»

«Vous y allez avec votre mari», a répondu Um Saleem.

Il y avait aussi des restrictions sur l’éducation et l’emploi. Une femme qui travaille pour le NHS (ndlr : un hôpital public) s’est fait dire qu’elle devrait quitter son travail, car il implique la mixité avec les hommes et qu’elle ne peut pas porter la tenue islamique complète.

«Vous savez que le fait de travailler dans un environnement qui n’est pas islamique auprès de kouffars vous éloignera de la religion et durcira votre cœur. Je mentirais si je vous disais que c’est permis», a expliqué Um Saleem.

Um Saleem a également critiqué les femmes musulmanes qui s’intègrent à la société, une vue qui contrevient aux objectifs de la mosquée Regent Park.

«Vous voyez des musulmanes dans tous les domaines de la vie quotidienne dans ce pays. Je vois des musulmanes et ça me brise le coeur de les voir travailler dans des banques, portant des manches courtes, des foulards serrés, du maquillage, côtoyant des kouffars en permanence et même parlant leur langue», a-t-elle dit.

Le directeur général de la mosquée de Regent Park est le Dr Ahmed Al Dubayan, un diplomate saoudien. Il a nié à Dispatches que sa mosquée promeut une version saoudienne de la religion, souvent appelée le wahhabisme. En fait, les imams dans le hall principal sont des Égyptiens, et leurs prêches du vendredi que j’ai entendus étaient modérés et tolérants.

Mais les prédicateurs que j’ai entendus dans la section des femmes puisaient leur théologie directement d’Arabie saoudite. L’une d’elles revenait d’un voyage d’étude de trois ans en Arabie saoudite, et les autres prédicateurs m’ont proposé presque exclusivement des ouvrages, sermons, fatwas en ligne et sites d’érudits de l’establishment religieux de l’Arabie saoudite et de leurs fidèles.

Face aux propos de ces femmes prédicateurs, le Dr Al Dubayan a insisté sur le fait que ces vues ne reflètent pas celles de la mosquée Regent Park, et que Um Saleem n’était pas une enseignante autorisée. «Le ICC (London Central Mosque et Islamic Cultural Centre, communément appelés la mosquée de Regent Park) promeut la compréhension entre les religions et les cultures», a-t-il dit. «Il ne soutient ni ne tolère les vues extrémistes, la haine raciale, la violence ou l’intolérance.»

Il a dit qu’il ne connaissait pas l’un des prédicateurs que nous avons filmé. Une autre, Um Saleem, avait demandé à être une enseignante autorisée à la mosquée, mais sa demande a été rejetée parce qu’elle n’avait pas fourni de références écrites sur son enseignement et ses vues. Avant que je communique avec Dr Dubayan, ni lui ni la mosquée n’étaient au courant de ces enseignements.

Um Saleem m’a dit plus tard que ses commentaires voulant que les musulmans ne pouvaient pas accepter la citoyenneté britannique étaient «erronés» et s’en est excusée. En ce qui concerne les musulmans qui ne peuvent vivre dans un pays non musulman, elle a convenu que le langage utilisé était « inapproprié ». Elle a poursuivi : «Bien qu’il soit recommandé qu’un musulman migre vers un pays musulman, ce n’est pas obligatoire.»

Elle a ajouté : Nous ne suivons pas aveuglément le gouvernement ou les religieux. Nous critiquons les autres religions, tout comme les autres religions critiquent l’islam… nous encourageons l’intégration dans la société.

Elle a toutefois maintenu ses autres affirmations, disant que les règles interdisant aux femmes de voyager seules et de travailler si cela vient en conflit avec les exigences religieuses sont «totalement justifiées par les textes islamiques.»

«Vous pouvez voir ces prescriptions comme des «restrictions extrêmes», dit-elle. «Mais nous les voyons comme notre manière de vivre et une libération de l’âme».

La librairie officielle de la mosquée a également retenu l’attention de Dispatches l’année dernière lorsque nos reporters y ont découvert des DVD fondamentalistes et intolérants.

Dr Al Dubayan avait dit qu’ils seraient retirés, mais j’ai trouvé les mêmes ouvrages des prédicateurs fondamentalistes encore ouvertement exposés et vendus. Des DVD enseignent que les mécréants sont des personnes «mauvaises, perverses, malveillantes …qui font les choses les plus viles et mauvaises», que les hommes sont responsables des femmes et qu’ils doivent les contrôler.

Un orateur dit des Juifs : «Leur temps viendra, comme il viendra pour tous les autres malfaisants.» Un autre prêche, cette fois par Cheikh Khalid Yasin qui a appris l’arabe en Arabie saoudite, salue l’effet dissuasif de la charia : «Alors les gens peuvent voir des gens sans mains, les gens peuvent voir des têtes rouler dans la rue, des mains et des pieds opposés amputés, des gens crucifiés ou flagellés en public, et ce qu’ils voient agit comme un facteur de dissuasion parce qu’ils se disent «je ne veux pas que cela m’arrive».

Cheikh Yasin m’a répondu que ses remarques doivent être examinées dans leur contexte. Il a dit qu’il ne promeut pas la politique du gouvernement saoudien ou sa rhétorique religieuse, et déclaré que plusieurs gouvernements et États imposent la peine de mort. «Le prêche visait à réformer la population musulmane, la société musulmane et le monde musulman… pour adjudication par l’État islamique souverain lorsqu’il sera établi.»

La société qui exploite la librairie, Darussalam International Publications, est une société britannique ayant des liens avec l’Arabie saoudite. Darussalam International Publications m’a dit que la librairie vend une vaste gamme d’ouvrages avec lesquels «ils ne sont pas nécessairement d’accord.»

Ils ont déclaré : «Nous essayons de présenter une variété d’opinions… dans les produits que nous vendons… dans le but de répandre la paix, le respect, la tolérance et la compréhension.»

Dr Al Dubayan a réaffirmé que la librairie était gérée par une société indépendante. «Bien que nous n’ayons aucun contrôle sur la librairie, nous en avons rencontré les responsables après la diffusion de votre reportage. Nous avons fait savoir clairement qu’il n’était pas acceptable que la librairie garde des ouvrages contenant des vues extrémistes. Nous avons reçu l’assurance… que tous les ouvrages en question avaient été retirés.»

Les personnes interrogées pour le reportage ont expliqué que cette idéologie s’est répandue à travers la Grande-Bretagne par l’establishment religieux saoudien. Un leader musulman m’a dit :

«Les pétrodollars en provenance de l’Arabie saoudite ont fondamentalement faussé la croissance et le développement de la communauté musulmane en Grande-Bretagne», tandis qu’un imam britannique les accuse de dévoyer l’islam, «d’user et d’abuser de cette grande religion qu’est la mienne.»

Je partage l’indignation de l’imam sur la manière dont une religion monothéiste pacifique si proche du christianisme et du judaïsme dans ses croyances essentielles a été détournée. Entendre un appel au meurtre d’une personne pour sa sexualité ou sa conversion à une autre religion dans ce qui est censé être un lieu de prière est réellement choquant.

L’imam a poursuivi en disant : «L’objectif sous-jacent ici est de créer une division permanente entre la société britannique et les jeunes musulmans vivant en Grande-Bretagne.»

Comme l’explique le professeur Anthony Glees qui dirige le Centre d’étude sur le renseignement et la sécurité de l’Université de Brunel : «Penser, comme je crois que notre gouvernement le pense, que ça fait du sens au plan idéologique de courtiser le gouvernement saoudien, est une folie de première grandeur. Nous allons en payer le prix pour des années à venir».


Le nom de la reporter a été changé. Dispatches : Undercover Mosque – The Return sera diffusé lundi sur Channel 4 à 8PM .

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