mercredi, octobre 22, 2008
Le fantôme de Lee Atwater, par Richard Martineau

Je ne sais pas pour vous, mais je suis content en maudit que cette campagne soit finie. Elle a beau avoir été courte, je l'ai trouvée interminable.
Comme l'a écrit fort justement Marco Fortier hier : «Il est temps que cette campagne électorale prenne fin. Les chefs ont proféré tellement de gros mots depuis 37 jours qu'ils n'auront plus rien à dire si ça continue.»
Je suis sûr que Lee Atwater s'est retourné dans sa tombe en entendant nos chefs se lancer des insultes.
ROCKY L'ÉCUREUIL
Vous vous souvenez de Lee Atwater ? C'était l'un des plus grands stratèges politiques de sa génération.
Spécialiste de la publicité négative, Atwater (qu'on surnommait le Darth Vader du Parti républicain) était prêt à tout pour faire gagner ses poulains.
Il ne reculait devant rien - aucun bain de boue, aucune bassesse, aucune bagarre. Il faisait circuler de fausses rumeurs sur ses adversaires, enquêtait sur leur vie personnelle, etc.
En 1988, quand Michael Dukakis menaçait de remporter les élections présidentielles, Atwater a produit une vidéo de 30 secondes qui a complètement démoli la campagne du candidat démocrate.
Connue sous le titre de Rocky l'écureuil, cette pub assassine montrait Dukakis en train de piloter un tank de l'armée américaine. Affublé d'un casque ridicule qui ferait passer le fameux filet de Gilles Duceppe pour un Stetson, et essayant maladroitement de jouer au cow-boy, Dukakis (un intellectuel frêle qui était aussi macho que Stéphane Dion) avait l'air d'un twit fini.
Résultat : George Bush père s'est installé à la Maison-Blanche et le pauvre Dukakis est devenu une note en bas de page...
SAUVEZ MON ME
En 1990, lors d'un déjeuner-bénéfice, Lee Atwater a prononcé un discours devant une salle comble. Alors qu'il racontait justement comment il avait roulé Dukakis dans la farine, le pitbull du Parti républicain a eu des convulsions et s'est écrasé sur scène.
Transporté à l'hôpital, il a appris qu'il souffrait d'un cancer du cerveau en phase terminale.
Pétri de remords, cherchant une forme de rédemption, Atwater a passé les derniers mois de sa vie à s'excuser auprès de ses anciennes victimes et à dénoncer l'immoralisme de la scène politique américaine.
Il est mort le 29 mars 1991, un mois après avoir écrit, dans le magazine Life :
«Ma maladie m'a permis de voir qu'il me manquait ce qu'il manque à la politique américaine en général : un peu de coeur, un peu de compassion. Une tumeur dangereuse est en train de ronger l'âme de mon pays...»
UN BEL EXEMPLE
Diriger un pays, ce n'est pas seulement voter des lois et remettre l'économie sur les rails. C'est aussi - et surtout - inspirer les citoyens.
Or, au cours de cette campagne, AUCUN politicien ne m'a inspiré.
Les chefs ont tellement perdu de temps à nous dire pourquoi on devrait voter CONTRE leurs adversaires qu'ils ont oublié de nous dire pourquoi on devrait voter POUR eux.
Ils ont passé leur temps à se crier des noms. Pour citer encore Marco Fortier, «les candidats se sont lancé plus de boue que des enfants de 12 ans dans un camp de vacances».
C'est ça, l'exemple que vous voulez montrer aux Canadiens ? C'est du joli.
Après ça, on se demande pourquoi les jeunes ne respectent pas les figures d'autorité...
Libellés : Élections, États-Unis, Richard Martineau
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