jeudi, février 19, 2009

 

Non à un Bureau national de la censure, par Francis Chartrand


Comme si sa propre agence rudimentaire au long bras n’était pas assez dévastatrice pour la liberté d’expression, voilà que Barbara Hall, présidente de la Commission ontarienne des droits de personne (CDP), réclame maintenant la création d’un Conseil national de la presse pour limiter encore davantage la liberté de la presse. De plus, elle ne cherche pas seulement à tronquer les journaux, la radio et les journaux télévisés. Mme Hall veut un nouveau Conseil de presse dont la compétence s’étend aux sites Internet et aux blogs.

Bien sûr, avec cette logique tordue qui caractérise la plupart des croisés modernes des droits humains, Mme Hall s’est convaincue elle-même que ce bureau de censure à peine voilé serait en fait l’ultime défenseur de la liberté d’expression. Elle semble penser que le meilleur moyen de préserver la liberté d’expression est de limiter cette liberté.

Dans un rapport à la Commission canadienne des droits de la personne, la CDP de Mme Hall recommande la création d’un chien de garde national des médias auquel tous les éditeurs, webmasters et producteurs de radio et de télévision seraient forcés d’adhérer.

Même si la CDP insiste qu’un tel organisme ne devrait pas « franchir la ligne rouge de la censure », on ne voit pas comment il pourrait éviter de le faire. Le Conseil national de la presse conçu par Mme Hall et ses collègues activistes aurait le pouvoir d’enquêter sur des plaintes de discrimination, « en particulier par des groupes vulnérables », contre tout membre du Conseil : journal, radio, télévision, site Internet. Bien que le Conseil n’aurait pas - du moins au début - le pouvoir d’empêcher les médias de publier, d’afficher ou de diffuser ce qu’ils veulent, il pourrait les obliger à publier ses propres décisions, y compris les contre-arguments des plaignants.

Ces recommandations ont toutes les apparences d’une réponse directe aux frustrations de la CDP d’avoir été dans l’incapacité de persécuter le magazine Maclean’s et le chroniqueur Mark Steyn pour leurs opinions que la CDP a qualifiées d’« islamopobes ». En avril dernier, la CDP a été contrainte d’abandonner son enquête sur les chroniques et les actualités publiées par Maclean’s parce que sa loi constitutive ne lui donne pas le pouvoir d’enquêter sur des publications.

Malgré cela, Mme Hall n’a laissé aucun doute qu’elle penchait du côté du Congrès islamique canadien et d’un groupe d’étudiants musulmans qui estimaient que Maclean’s était coupable de discrimination envers leur religion. Malgré qu’aucune audition n’a été tenue et qu’aucun témoin n’a été entendu pour Maclean’s ou Mark Steyn, Mme Hall et la CDP ont jugé qu’il était justifié de conclure que le journalisme pratiqué par ces deux parties était « incompatible avec l’esprit » du code des droits de la personne de l’Ontario, ce qui causait un « grave préjudice » à la société canadienne par « la promotion de l’intolérance sociale » et la dissémination « d’opinions destructrices et xénophobes ».

Mme Hall avait également déclaré de façon inquiétante à l’époque que tous les journalistes devraient passer leurs écrits à travers un « filtre des droits de la personne » avant publication. Comme elle n’a pas été en mesure d’imposer ce filtre à Maclean’s, son actuelle proposition d’un Conseil national de la presse est vraisemblablement une tentative de rendre un tel filtre obligatoire, par la loi.

« Les médias ont une responsabilité de pratiquer un journalisme équitable et impartial », avait dit Mme Hall. Mais puisque nul ne dispose du pouvoir divin de discerner avec justesse ce qui est « équitable » et « impartial », alors personne – pas même la présidente de la CDP – n’a les qualifications voulues pour déterminer quels sont les articles et les opinions qui répondent à ces critères. Pour la plupart des gens, ce qui est juste et impartial dans les médias correspond de très près à leurs propres opinions sur le sujet en question, et Barbara Hall n’est pas différente des autres. Elle n’a aucun don spécial de discernement de la vérité que n’ont pas les autres mortels. Par conséquent, ni elle ni aucun autre pompeux pourvoyeur de considérations sociales n’est apte à juger ce qui devrait être publié ou non.

« Les sociétés libres ne cherchent pas à criminaliser les opinions », a dit M. Steyn aux membres de la commission parlementaires de l’Ontario cette semaine. « Quand vous prenez cette direction, vous aboutissez éventuellement à la situation qui prévaut, par exemple, en Arabie saoudite. Dans ce pays, vous ne pouvez pas démarrer un journal et publier vos opinions, de sorte que si vous vous opposez à la Maison des Saud, votre seule option est de poser des bombes. »

De la même façon, avoir un Conseil de presse qui prend en otage tous les auteurs, blogueurs et diffuseurs n’est que la première étape vers une situation où toutes les Barbara Hall de ce monde décideront ce que vous pouvez entendre, lire et voir. À cela, nous disons : « Non, merci. » Il devrait en aller de même pour chaque lecteur de journaux, internaute et téléspectateur dans ce pays.

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