mardi, mars 03, 2009
Aimez-vous les minorités visibles ? Oui ? Alors vous êtes raciste, par Jonathan Kay

Jerry Seinfeld : Bonjour ? Qui est-ce ? Donna Chang ? Oh, je suis désolé, je dois avoir composé un mauvais numéro.
Elaine : Donna Chang ?
Jerry : Je devrais lui parler à elle. J’aime les chinoises.
Elaine : N’est-ce pas un peu raciste ?
Jerry : Si j’aime leur race, comment cela peut-il être raciste ?
- Seinfeld, Episode # 90, La chinoise, le 14 octobre 1994.
***
Bonne question, Jerry. Et je connais précisément le type qui peut vous répondre : Pierre Deschamps. Vendredi, comme je l’ai appris du blog Blazing Cat Fur, ce décideur du Tribunal canadien des droits de la personne (TDP) est devenu le premier juriste dans l’histoire de l’humanité à condamner pour racisme une personne qui faisait l’éloge des minorités visibles.
La « Doctrine Deschamps » a été inspirée par un certain Shiv Chopra, un microbiologiste renfrogné de Santé Canada qui a passé la plus grande partie de sa carrière à haranguer ses collègues avec des accusations amères de traitements injustes. La décision rendue vendredi par Deschamps dans la cause de Chopra c. Santé Canada est la dernière dans une série de décisions ahurissantes rendues au cours des ving dernières années.
Comme bien des cols blancs qui se plaignent de discrimination, Chopra était frustré par une carrière au point mort au niveau de cadre intermédiaire. Il a été particulièrement révolté quand on lui a préféré un autre candidat pour le poste de chef de division, même s’il avait échoué un test qui était une condition préalable pour ce poste. Dès ses premières années comme évaluateur de drogues à Santé Canada, il a eu des frictions avec un grand nombre de personnes. Ses collègues se sont plaints de son tempérament autoritaire et conflictuel – bref, il n’était pas le genre de scientifique qu’on recherche pour diriger un département.
Chopra est un hindou du Punjab qui a émigré au Canada dans les années 1960 et qui était convaincu qu’il était victime d’un complot raciste. Durant les 37 jours d’audiences du TDP au cours des deux dernières années, il a déballé un grand nombre de théories en vrac sur les raisons pour lesquelles il avait été privé du poste. Certaines étaient tellement disjonctées que même Deschamps, qui était sympathique à sa cause, a reproché à Chopra de miner sa propre crédibilité.
Mais en bout de piste, Deschamps a donné raison à Chopra, lui accordant 4.000$ en dommages-intérêts, plus quelques milliers additionnels en intérêts et salaires. La preuve irréfutable ? Il y a dix ans, le 9 février 1998, Chopra était présent à la réunion au cours de laquelle son nouveau patron, André Lachance, s’est présenté à des collègues en déclarant – ô horreur des horreurs – qu’« il aimait les membres des minorités visibles ».
Chopra a déclaré qu’il s’agissait d’une « remarque raciste », et l’a utilisée comme preuve dans sa série de plaintes frivoles pour discrimination. Deschamps a acheté l’argument et a conclu, sans aucune manière d’explication substantive, que le commentaire de 1998 était « discriminatoire à l’égard de M. Chopra et des personnes … qui ne sont pas de race blanche ».
Il n’est pas difficile de deviner la véritable raison expliquant la remarque Seinfeldesque de Lachance. Des militants anti-racistes (dont Chopra lui-même) ont fait de la question des quotas pour les minorités un enjeu litigieux à Santé Canada dans les années 1990. Lachance a voulu rassurer son auditoire que puisqu’il provenait d’un autre département avec un personnel diversifié, il avait beaucoup d’expériences positives à travailler avec des personnes venant d’horizons différents.
Chopra a été le seul membre de l’auditoire suffisamment phobique pour interpréter le commentaire bien intentionné comme raciste. (Comme Deschamps l’a mentionné lui-même, plusieurs collègues ont témoigné pour se dissocier de cette plainte bizarre). Mais cela n’a pas empêché la Commission canadienne des droits d’aller de l’avant et d’engloutir des milliers de dollars d’argent des contribuables et d’innombrables heures de travail à enquêter sur les divagations d’un paranoïaque obsédé par le racisme.
En plus d’ajouter à l’argumentaire en faveur de la fermeture des commissions des droits au Canada, cet épisode illustre le niveau d’absurdité auquel en sont rendues les élites de notre société pour démoniser les blancs. Avant, l’homme blanc devait à tout le moins dire ou faire quelque chose de raciste pour s’attirer une plainte. Ce critère a été rétrogradé à « préférable, mais négociable ».
Il se trouve que le jour même où la Doctrine Deschamps était annoncée sur le site web du TDP, j’ai reçu mon exemplaire pour revue du livre Mon pays métis : quelques vérités au sujet du Canada, dans lequel le philosophe canadien de gauche John Ralston Saul soutient que le Canada est une « civilisation métis » qui doit tout ce qu’elle a (à l’exception des méchants racistes, bien sûr) à « l’inspiration des Amérindiens ».
Je devrai, hélas, laisser à d’autres la question de savoir comment, exactement, un tas de tribus guerrières amérindiennes de chasseurs cueilleurs pré-alphabétisés peuvent prendre le crédit pour la création d’une puissance industrielle moderne, démocratique et capitaliste entièrement construite sur un modèle européen. La raison est que je n’ai pu aller au-delà de l’introduction ridicule de Saul dans laquelle il prétend, dans le style Deschamps, que l’expression de sympathie et de culpabilité sur le sort des Amérindiens du Canada n’est rien d’autre qu’une manifestation - vous l’avez deviné - de racisme.
« Nous prenons soin d’éviter de nous demander si ces populations amérindiennes veulent notre sympathie ou sont intéressées par notre culpabilité », écrit Saul. « Peut-être que la sympathie et la culpabilité sont inappropriées, paternalistes et insultantes. Peut-être que notre sympathie est juste une version recyclée des vieilles attitudes racistes ... Peut-être que la sympathie et la culpabilité exprimées envers les Amérindiens sont effectivement des signes que nous refusons d’admettre notre Amérindianité... »
Peut-être, peut-être, peut-être. Dites, nous devrions peut-être arrêter d’envoyer 8 milliards $ par an aux chefs amérindiens, vu que tout cet argent motivé par la culpabilité n’est qu’une autre forme de racisme. Chaque dollar est une nouvelle gifle au visage. Quand y met-on fin ?
C’est ainsi que l’industrie des droits humains se transforme en farce qui est une parodie d’elle-même. Faute de cas réels à poursuivre, les mandarins de l’industrie passent plutôt leur temps à poursuivre des faux cas de racisme du type Mark Steyn et Ezra Levant. Ou encore, ils surfent sur le web en essayant désespérément de piéger des hurluberlus confus pour les amener à dire « Heil Hitler ». Et quand ils ne peuvent même pas accomplir cela, ils vont jusqu’à cannibaliser les sentiments authentiques – l’affection, la culpabilité, la sympathie, la collégialité – autrefois considérés comme la marque du libéralisme éclairé.
Tout cela serait très ironique et hilarant si ce n’était que c’est vous et moi qui payons la facture. Les blancs ne sont peut-être pas bons à grand-chose, mais leur argent est toujours bienvenu.
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Libellés : Bétise humaine, Canada, Jonathan Kay
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