mercredi, octobre 07, 2009
Mon nom est Simon Deng, chrétien, ancien esclave au Soudan, victime du djihad, par Annie Lessard et Marc Lebuis
«À 9 ans, j’ai été enlevé et donné en esclavage à une famille arabe. Mon peuple a été soumis au meurtre de masse, à l’esclavage, au viol systématique, à la persécution religieuse, à la famine imposée, à la dislocation, à l’exil. Nous sommes les victimes de ce que Khartoum a appelé « une guerre sainte contre les infidèles ». Combien de temps le monde laissera les « infidèles » être abattus et asservis au nom du djihad ? Combien de temps le monde se taira pour ne pas offenser les meurtriers et les défenseurs de l’esclavage ?»
Ancien esclave, Simon Deng du Sud Soudan a réussi à s'échapper et a abouti aux États Unis où il a reçu l'asile politique. Activiste des droits humains, il donne des conférences à travers le monde sur la situation au Soudan, où des Noirs chrétiens et animistes sont victimes d'esclavage et d'islamisation forcée.
Aujourd'hui, l'Algérie a appelé les pays arabes à saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies pour s’opposer à la Cour Pénale Internationale qui a lancé un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar Hassan al-Bashir la semaine dernière pour répondre à des accusations de crimes contre l'humanité.
En 2006, Simon Deng a fait une présentation à un colloque organisé par une ONG sur les victimes du djihad.
L'esclavage n'appartient pas au passé..., blog Ketibi, le 14 janvier 2006
Le 18 avril 2006, alors que la Commission des droits de l'Homme de l'ONU s'apprêtait une fois de plus à rejeter une résolution condamnant les actions au Soudan sur pressions des pays islamiques, trois ONG organisaient un colloque en marge de la commission sur les « victimes du djihad ».
Devant une salle émue aux larmes, Simon Deng a raconté comment il avait été réduit en esclavage - parce que noir et chrétien - par le régime arabe islamiste de Khartoum:
Mon nom est Simon Aban Deng. Je suis soudanais, shiluk de par la tribu, chrétien de par la religion. Mon peuple a été soumis au meurtre de masse, à l'esclavage, au viol systématique, à la persécution religieuse, à la famine imposée, à la dislocation, à l'exil. Nous sommes victimes d'un génocide, physique et culturel. Nous avons été annihilés en tant qu'êtres humains parce que appartenant à une culture différente. Tout cela ne nous est pas tombé dessus par hasard : nous avons été et restons les victimes du régime djihadiste de Khartoum.
Durant les deux génocides commis par les islamistes, nos pertes ont été énormes. De 1955 à l'indépendance de 1973, 1,5 million de Soudanais chrétiens ont été éliminés par le gouvernement pro-arabe de Khartoum. De 1983 jusqu'au récent traité de paix, 2 millions d'êtres humains du Sud-Soudan ont perdu la vie dans ce que le régime de Khartoum a appelé «une guerre sainte contre les infidèles». Oui, je suis un infidèle selon leur définition. Je pense que bon nombre d'entre vous le sont aussi. Nous, les Noirs «infidèles» du Sud, chrétiens et autres non-musulmans, nous avons refusé d'obéir aux lois islamiques, nous avons refusé d'être arabisés.
J'ai été enlevé et donné à une famille arabe comme «cadeau»
Pour cette raison, mesdames et messieurs, j'ai été une victime de l'esclavage arabe au Soudan. A neuf ans, mon village a été pillé par les troupes arabes payées par Khartoum. Alors que je courais me réfugier dans la savane pour échapper au massacre, j'ai vu mes amis d'enfance se faire abattre. Les vieux et les malades étaient brûlés vifs dans leur hutte. Les troupes arabes ont fini par me trouver. J'ai été enlevé et donné à une famille arabe comme «cadeau». Quand vous me regardez, mesdames et messieurs, voyez-vous un cadeau ? Est ce que je ressemble à un objet ou à un produit ?
Maintenant, c'est au tour du Darfour.
J'ai été un enfant esclave pendant plusieurs années. J'ai été battu à maintes reprises pour un oui ou pour un non. Parfois même par caprice des enfants de mon «maître». Je travaillais durement et j'ai dû subir de nombreuses humiliations. Alors que j'avais été un enfant adoré dans ma famille, j'ai dû m'habituer à dormir avec les animaux et à nettoyer la terre où je dormais. Je ne mangeais que les restes dans les plats de mon «maître». Je me levais le premier et me couchais le dernier, après avoir accompli toutes les tâches domestiques. La vie d'un esclave est comme l'enfer, mais il n'y a aucune honte à avoir été un esclave : ce n'est pas un choix. Celui qui devrait avoir honte, c'est celui qui s'est proclamé le «maître». Si quelqu'un doit ressentir de la honte, ce sont les intégristes musulmans du régime de Khartoum et leurs alliés dans le monde musulman. Il est important de ne jamais oublier que les chrétiens africains du Soudan méridional sont victimes de l'islamisme. La guerre contre nous a été et reste conduite au nom du djihad.
Il y a 2 ou 3 millions de réfugiés du Sud-Soudan. Ils sont traités comme des chiens. Ils ne sont pas même considérés comme des citoyens, parce qu'au Soudan la citoyenneté est basée sur la religion et que seuls les musulmans y ont droit. Les Africains «infidèles» de cette nation ne sont pas considérés comme étant de pleins citoyens, bien que presque 90 % de la population soit noire.
C'est le grand défi des djihadistes de Khartoum : Arabes et Soudanais, ils ont voulu imposer une culture arabe dans un pays majoritairement peuplé de Noirs. Ils ont effectué leur travail avec une grande efficacité grâce aux armes fournies par leurs amis dans le monde arabe. Quand ils commettaient leur génocide contre nous dans le Sud, le monde a simplement regardé ailleurs. Quand des millions de Noirs africains étaient abattus et des centaines de milliers d'enfants soudanais étaient asservis, le monde était indifférent. Même l'ONU a tourné le dos. Maintenant, c'est au tour du Darfour. Certains observent, mais la plupart sont habitués à ne plus regarder...
Combien de temps le monde laissera les «infidèles» être abattus et asservis au nom du djihad ?
Mesdames et messieurs, je pose cette question en tant que victime de l'esclavage au Soudan : combien de temps le meurtre, l'esclavage, la persécution religieuse, le viol systématique, la famine imposée et «le nettoyage ethnique et religieux» vont-ils continuer ? Quand ceux qui ont le pouvoir d'agir et d'arrêter ces crimes vont-ils le faire?
Je le demande pour mes compagnons chrétiens et animistes du Sud Soudan. Ma voix est leur voix. Combien de temps le monde laissera les «infidèles» être abattus et asservis au nom du djihad? Combien de temps le monde se taira pour ne pas offenser les meurtriers et les défenseurs de l'esclavage ?
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Libellés : Arabie Saoudite, Darfour, Enfants, Soudan
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