dimanche, mars 07, 2010
De la nécessité urgente et impérieuse d’une religion athée, par Marie-Êve Martineau
Croire en Dieu et en une vie après la mort, c’est de la pure (petite) folie. Celui qui croit simplement (sans prosélytisme) est une victime. Alors que celui qui enseigne et diffuse les religions est un fou dangereux.
Pourquoi ? Pourquoi tant d’intolérance de ma part ?
Croire sans preuves ni explications est le propre de l’enfant. Naturellement, parce qu’il serait trop long de leur expliquer, et parce que leur raison (le raisonnement) n’est pas encore, pour la plupart, suffisamment développé. C’est un produit de l’Evolution : seuls ceux qui ont cru et obéi sans réfléchir ont survécu et ont donc transmis leurs gènes. Malheureusement, au passage à l’âge adulte, nombre d’entre eux continuent de croire à tout ce qu’on leur dit, sans trop réfléchir… et une petite partie d’entre eux ont bien compris l’avantage de profiter de cette crédulité et obéissance. D’où le partage classique de la société des hommes entre ceux qui ont le pouvoir, ceux qui s’occupent de la religion, et les autres, tous les autres, plus ou moins esclaves mais surtout producteurs de richesses consommées par les deux premières classes.
Croire en Dieu, cela fait surtout partie d’une vie en communauté et de profiter d’un ensemble de règles à respecter et de l’entraide des autres. Bref, une Religion, c’est principalement un liant permettant à une communauté de rester soudée. Au prix de balivernes et d’une petite folie, chacun était heureux de se sentir appartenir à un groupe qui le protège, même si c’est au prix de la perte de sa réelle liberté… car, en ces temps-là, être libre, c’est être seul, chassé du groupe, condamné à l’errance et à la mort.
Mais les temps ont changé. La notion de communauté, autrefois limitée à un petit groupe d’hommes, puis à une tribu, puis à une petite nation, a explosé et ces religions, parce qu’elles sont naturellement expansives et envahissantes, ont conquis d’autres peuples et d’autres territoire, souvent par la force, mais parfois aussi parce qu’elles apportaient une amélioration pour d’autres peuples. Enfin, « amélioration » s’entend par rapport à un petite différence ou par une notion différente du bien et du mal…
Et, dans ce schéma, nulle place donc pour l’Athée, pour celui qui a compris la folie originelle de l’Homme et qui désire régler sa vie clairement face à l’inéluctable : sa mort. Nulle place pour l’incroyant, pour le mécréant, pour … les mots sont nombreux pour désigner le traitre, celui qui a critiqué les dogmes, celui qui a osé dire ce qu’il pense, celui qui a osé montrer aux autres dans quelle folie ils sont. Car, pour celui qui croit, comprendre et admettre qu’il s’est trompé toute sa vie lui est insupportable ; car que pourra-t-il dire à ses enfants ? qu’il s’est trompé ? car que pourra-t-il dire à ses parents ? qu’ils se sont trompés et qu’ils ont été trompés ? et comment pourra-t-il vivre une fois rejeté par sa communauté ? à supposé qu’ils ne le tuent pas avant qu’il aille propager la mauvaise parole…
Donc, pour ceux qui veulent vivre hors de la folie de Dieu, ils sont condamnés à perdre le bénéfice et le réconfort et l’aide d’une communauté. Les voilà « perdus », seuls, devant rechercher dans la foule l’amitié d’autres personnes qui, comme eux, ont compris la folie des Hommes, et veulent s’en préserver, eux et leur famille. Mais, face au prosélytisme sournois et continuel des religions, même pour celles d’entre elles qu’on pourrait croire les plus affaiblies ou les plus sages, ils sont bien désarmés. Alors, pour eux, pour satisfaire le besoin grégaire qu’a l’Homme de se retrouver entre égaux et coreligionnaires, il ne reste plus que la solution de se regrouper dans une nouvelle sorte d’Eglise, athée, dont le but est d’apporter à ses membres tout ce dont les Hommes ont naturellement besoin : le regard aimant ou bienveillant d’amis, la solidarité, le soutien dans l’épreuve, l’apport d’une culture et d’une réflexion sur la vie, le monde et la mort : une spiritualité athée, ainsi que des rites pour toutes les grandes étapes de la vie d’un Homme : naissance, passage à l’adolescence, passage à la vie d’adulte, décision de fonder un foyer, séparation et vie après le départ des enfants, maladie, vieillesse, et la mort. Nous avons tous besoin de cela. Mais sans croire bêtement à un Dieu bienveillant ou à une vie rassurante après notre mort. Il ne s’agit pas de mettre la raison en avant. Car la raison de l’Homme est bien faible face à ce que ses mécanismes inconscients l’amènent à faire. Mais il s’agit de passer à une autre étape. Le temps des croyances imbéciles est passé. Face à ce nouveau monde, rempli de Sciences mais aussi de dangers pour notre survie en temps qu’espèce, il faut inventer et mettre en place une nouvelle façon de vivre ensemble, dans laquelle la spiritualité a une place importante, et débarrassée des idées stupides, qu’elles soient judéo-chrétiennes ou bouddhistes, ou hindous, ou communistes, ou … Sinon, il est certain que, sans organisation en communautés athées fortes, la folie religieuse reconquerra du terrain et fera de nouveau payer au prix fort les athées de leur désir d’avoir la liberté de penser et d’oser dire clairement ce qu’ils pensent de la folie de mettre tous ses espoirs en une vie après la mort.
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Libellés : Athéisme, Marie-Êve Marineau
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