jeudi, septembre 09, 2010

 

Trop tôt, par Richard Martineau


Richard Martineau
08/09/2010 04h39

En octobre 2009, le ministre Claude Béchard a accordé une entrevue très touchante et très lucide à Josélito Michaud. «Si ça revient, je sais que c'est fini», a-t-il dit. C'est revenu. Et il s'est éteint à 41 ans, quelques heures après qu'on ait bizarrement annoncé sa démission.

On répète toujours les mêmes phrases à propos de la mort.

Aucune justice

«La mort est la seule justice ici-bas», et «Il faut vivre chaque jour comme si c'était le dernier».

Ces deux affirmations sont probablement les phrases les plus stupides jamais prononcées.

En effet, comment la mort peut-elle être considérée comme une forme de justice ?

Des salauds meurent à 92 ans dans leur sommeil alors que des citoyens exemplaires sont emportés par de terribles maladies dans la fleur de l'âge.

Elle est où, la justice, là-dedans ? Le dictateur espagnol Franco est mort à 83 ans. Maurice Papon, le criminel de guerre français qui a aidé les nazis à déporter des centaines de juifs, a crevé à 97 ans. Henry Kissinger, qui a fomenté le coup d'État au Chili et autorisé le bombardement de civils cambodgiens, a 87 ans et prononce toujours des discours aux quatre coins de la planète.

Claude Béchard, lui, est mort du cancer du pancréas à 41 ans, laissant dans le deuil quatre enfants...

Pas étonnant que l'homme ait inventé Dieu. Comment pourrait-on supporter pareille injustice, sinon ?

Le dernier jour

La seconde phrase est tout aussi bête.

Car soyons francs : si on vivait chaque jour comme si c'était le dernier, personne ne travaillerait, on serait tous aux îles Mouc-Mouc, un cocktail dans chaque main...

À la fin de sa vie, alors qu'il sentait le souffle de la Grande Faucheuse sur sa nuque, Claude Béchard a dit que s'il avait su, il n'aurait pas autant travaillé, il aurait passé plus de temps avec sa femme et ses enfants...

«Pendant la nuit, tu penses aux enfants, à ce que tu n'as pas eu le temps de faire», a-t-il confié à Denis Lessard.

Cette année, il a pu assister au spectacle de fin d'année de ses deux filles biologiques.

«C'était la première fois... et tu ne peux pas t'empêcher de penser que c'est peut-être la dernière», a-t-il dit, étranglé par l'émotion.

Sous le tapis

On travaille, on travaille...

Pourquoi ? Qu'est-ce que ça donne, à la fin ? Plus d'argent ? Quelques honneurs ?

Pensez-vous vraiment qu'à la fin de vos jours, lorsque vous sentirez la vie vous quitter, vous vous direz : «J'aurais dû travailler encore un peu plus ? Passer quelques weekends supplémentaires devant mon ordi ?»

Nous nous comportons tous comme si nous étions immortels. Remarquez, c'est peut-être la seule façon de vivre. Balayer ce gros monstre sous le tapis, et foncer...

La mort en face

Comme mon idole, le journaliste Christopher Hitchens, qui se meurt d'un cancer de l'oesophage, Claude Béchard a affronté la mort avec une dignité et un courage exemplaires.

«Il ne faut pas toujours remettre ses projets à plus tard, a-t-il lancé à Josélito. Il faut les faire tout de suite...»

Le jeune ministre avait déjà un pied «l'autre côté» quand il a dit ça.

Mais nous, qui habitons toujours le pays des vivants, sommes-nous capables d'entendre ce message ?

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Commentaires:
Câlin!

Y'é tellement sensé ce gars là. Dire qu'à mon cégep, on encourage de le boycotter parce qu'il fait partie d'un journal en lock out et parce que le Journal de Montréal ne contient pas des articles assez profond.

Personnellement, j'aime bien entendre des articles d'opinions de temps à autre. Ça change des articles écrit par des professionnels qui énumère les faits sans trop se prononcer sur ce qu'ils écrivent.

En gros, au cégep, on nous fait lire; soit des trucs qui manque de vie, soit des trucs contre la droite.

J'aimerais entendre les opinions de la droite pour changer, juste pour qu'on soit vraiment équitable dans notre cégep. Ça permettrait aux gens qu'on blâme des maux du monde de s'expliquer pour savoir si on critique toujours pour de bonnes raisons.

Pis j'aimerais savoir aussi pourquoi Richard écrit toujours dans son journal (qui est en lock-out) alors qu'il pointe du doigt les injustices. Ça me permettrait de savoir si, oui ou non, Richard est un vendu.
 
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