vendredi, août 08, 2008
Les droits humains et les Olympiques à Beijing | Il est temps de hausser le ton, par Marie-Êve Marineau
Les choses ne se passent pas comme on nous l'avait annoncé. À l'heure actuelle, nous devrions pouvoir constater les bienfaits de l'octroi des Jeux à la Chine, dans le domaine des droits humains.

De nombreuses personnes se sont inquiétées du fait que les Jeux se tiennent dans un pays qui respecte si peu les droits de la personne et ont souligné que cette décision ne concordait pas avec l'idéal olympique : promouvoir une société pacifique se souciant de la dignité humaine. Lorsque la décision a été prise en 2001, le Comité international olympique et le gouvernement chinois ont dit au monde que ces inquiétudes étaient sans fondement. Ils ont fait valoir que lesdits Jeux raffermiraient l'engagement de la Chine envers les valeurs universelles de respect des droits de la personne.
Ce n'était que de belles paroles. Peu de progrès ont été accomplis au cours des sept années suivantes. Et très peu d'efforts ont été faits pour pousser la Chine à respecter ses engagements. En fait, le dernier rapport d'Amnistie internationale documente toute une litanie de promesses rompues.
Des violations graves et continues des droits humains se commettent en Chine en dépit des Olympiques à venir. Mais pis encore, nous assistons à de graves violations causées par les Olympiques.
Les porte-parole des collectivités locales qui ont tenté de déposer des plaintes quand des gens ont été chassés de chez eux pour faire place à des installations olympiques sont en prison. Les militants, qui ont voulu s'exprimer au sujet des Jeux et des droits qui leur sont associés, sont en prison. Les campagnes de «nettoyage» pré-olympiques ont visé les gens de l'extérieur de Beijing- mendiants, vendeurs ambulants sans permis et autres. Nombre d'entre eux ont été envoyés, pour être «rééduqués», dans les tristement célèbres camps de travail d'une dureté impitoyable.
Les dirigeants chinois et du CIO ont rétorqué avec agacement que le débat est déplacé et qu'on ne devrait pas mêler la politique au sport. Nous commençons à peine à entendre Jacques Rogge, président du CIO, émettre certaines critiques. Nous avons entendu peu de récriminations - que ce soit de la part du gouvernement ou des représentants du sport canadien - dénotant une volonté sérieuse, ou des plans constructifs pour mettre de l'avant les droits de la personne en cette époque cruciale.
Le but n'est pas de mélanger la politique et le sport. Ça va bien au-delà de la politique. Il s'agit de défendre les valeurs universelles les plus précieuses nous unissant : les droits fondamentaux.
La fierté de la Chine est en jeu. Toute la Chine attend impatiemment ces Jeux, dont le prestige devrait rejaillir sur ses habitants. Mais pourquoi défendre sa fierté avec colère, déni et censure ? Imaginez plutôt quelle fierté la Chine pourrait en retirer si elle montrait au monde que ces Olympiques laisseront une empreinte positive pour les droits humains sur son territoire.
L'état des lieux ? Le premier ministre Harper a dit s'inquiéter au sujet des violations des droits de la personne en Chine et annoncé qu'il n'assisterait pas aux Jeux. Dans un même souffle, néanmoins, il affirme que sa décision n'a rien à voir avec les droits de la personne et que le Canada enverra «une délégation de haut niveau». C'est loin d'être limpide.
À quelques jours des cérémonies d'ouverture, tous les pays et tous les membres du CIO doivent faire entendre leurs voix à travers le monde pour demander la fin des violations des droits humains en Chine. Les réformes pour le respect des droits humains doivent être entreprises sans tarder.
Les nombreux prisonniers d'opinion chinois, dont des militants, des journalistes, des blogueurs et tous ceux qui ont critiqué les Olympiques, doivent être libérés. La censure des médias et d'Internet doit prendre fin. Les autorités doivent abolir la pratique cruelle et abusive de la rééducation par les camps de travail ainsi que la peine de mort. Et ce n'est pas tout.
Les milliers de Canadiens qui ont signé les pétitions remises aujourd'hui à l'ambassade chinoise ont fait entendre leurs voix contre les violations des droits humains en Chine. Ils vont poursuivre leur travail de pression en faveur des défenseurs chinois des droits humains afin que ceux-ci puissent continuer leur lutte.
Maintenant, c'est au tour du gouvernement canadien de joindre sa voix aux pressions internationales demandant le respect des droits humains en Chine.
Libellés : Chine, Marie-Êve Marineau
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