jeudi, février 12, 2009

 

Chine: Un avocat défenseur des droits humains en détention arbitraire, par Anne Humphreys



(New York) – Le gouvernement chinois doit immédiatement donner des informations sur le sort de Gao Zhisheng, avocat défenseur des droits humains, disparu depuis deux semaines, ont déclaré conjointement ce lundi 2 février Human Rights Watch, Amnesty International et Human Rights Chine. Les trois organisations soulignent que Gao Zhisheng court un risque immédiat d’actes de torture graves et mauvais traitements par les services de sécurité chinois et appellent à sa remise en liberté immédiate. « Nous craignons beaucoup pour la sécurité de Gao Zhisheng en ce moment, les services de sécurité chinois ayant souvent par le passé attenté à ses droits fondamentaux et ceux de sa famille, a déclaré Sophie Richardson, directrice Asie de Human Rights Watch. Gao Zhisheng a décrit de façon détaillée comment il avait été torturé lors de gardes à vue précédentes et il se pourrait qu’il subisse une nouvelle fois le même type de traitement. »

L’avocat et sa famille étaient sous surveillance policière depuis la condamnation avec sursis de Gao Zhisheng pour « incitation à la subversion » en 2006. On est sans nouvelles depuis le 19 janvier. Selon des sources fiables, il aurait été arrêté par les forces de sécurité et serait maintenu en détention dans un lieu tenu secret.

«Le 9 février, le bilan du gouvernement chinois en matière de droits humains sera examiné par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, a déclaré Sharon Hom, directrice exécutive de Human Rights Chine. Juste après le rapport cinglant du Comité contre la torture en novembre 2008, arrêter arbitrairement et torturer un avocat reconnu pour sa défense des droits fondamentaux n’est certainement pas signe de progrès en matière de droits humains.»

En septembre 2007, Gao Zhisheng avait été détenu pendant plusieurs semaines, peu après avoir envoyé une lettre ouverte au Congrès américain dénonçant la situation des droits humains en Chine et décrivant comment lui et sa famille avaient été traités par les forces de sécurité.

Gao Zhisheng a fourni des détails sur sa détention illégale en 2007 et décrit des actes de torture graves subis aux mains des agents de la sécurité – passages à tabac, actes répétés de torture à l’électricité sur les parties génitales, cigarettes allumées tenues tout près de ses yeux pendant de longs moments, ayant occasionné une cécité partielle de plusieurs semaines. Après sa libération, les personnes qui le connaissaient l’avaient décrit comme un « homme brisé », physiquement et moralement.

«La Chine doit immédiatement libérer Gao Zhisheng, a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie Pacifique d’Amnesty International. La Chine doit prouver qu’elle prend au sérieux ses obligations internationales, dans ce cas précis, ses obligations au titre de la Convention contre la torture, à laquelle la Chine est partie depuis1988.»

En novembre 2008, le Comité des Nations unies contre la torture a indiqué, dans ses Observations finales sur la Chine, qu’il restait « profondément préoccupé par la persistance des allégations, corroborées par de nombreuses sources légales chinoises, de pratiques de torture généralisées et de mauvais traitements contre des suspects placés en garde à vue.» Amnesty International, Human Rights Chine et Human Rights Watch demandent instamment aux gouvernements et organismes intergouvernementaux concernés d’appeler le gouvernement chinois à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer de la sécurité et du bien-être de Gao Zhisheng pendant sa garde à vue et le libérer au plus tôt.

Désigné en 2001 comme « l’un des dix meilleurs avocats de Chine » par une publication chinoise éditée par le ministère de la Justice de RPC, Gao Zhisheng est un autodidacte, un homme de loi qui a souvent représenté les victimes dans des affaires hautement médiatisées et politiquement sensibles d’atteintes aux droits des personnes par la police et d’autres agences gouvernementales. En octobre 2005, il avait adressé une série de trois lettres au président Hu Jintao et au Premier ministre Wen Jiabao, pour leur demander de faire cesser les actes de torture et mauvais traitements infligés aux pratiquants du Falungong en détention ainsi que les persécutions contre les chrétiens dans la clandestinité et les militants de la démocratie.

Après sa détention en 2007, Gao Zhisheng avait fait part de ses craintes d’être torturé s’il était de nouveau arrêté.

En juin 2007, Gao Zhisheng a reçu le Courageous Advocacy Award, un prix qui récompense les hommes de loi ayant fait preuve de courage, décerné par le Comité américain des avocats du Barreau (ABOTA, American Board of Trial Advocates). Ses mémoires, Une Chine plus juste, ont été publiées en anglais la même année.

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samedi, novembre 15, 2008

 

Arrestation du blogueur Guo Quan pour “incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat”, par Francis Chartrand


Reporters sans frontières dénonce l’arrestation du blogueur Guo Quan, le 13 novembre 2008, dans la ville de Nanjing (capitale de la province de Jiangsu, centre de la Chine). Il est actuellement détenu dans les locaux de la police de Nanjing accusé d’“incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat” en raison de la publication d’articles jugés “trop radicaux” sur son blog. La police a interpellé Guo Quan à son domicile et saisi son matériel informatique.

“Ce que les autorités jugent ‘trop radical’ est la publication de lettres ouvertes adressées au gouvernement appelant au changement démocratique. L’arrestation de Guo Quan est une preuve supplémentaire, si besoin était, que la dictature chinoise condamne systématiquement ceux qui osent exprimer une opinion différente de celle du Parti. Nous craignons malheureusement que Guo Quan ne soit emprisonné pour longtemps, comme les 49 autres cyberdissdents que la Chine a jeté derrière les barreaux”, a déclaré Reporters sans frontières.

Plus tôt dans l’année, Guo Quan déjà avait été arrêté, le 18 mai 2008. Après dix jours de détention, il avait confié : “Les autorités [...] ont tenté de me soutirer des informations. Comme j’ai refusé de donner le nom de dissidents dans mon entourage, elles ont prolongé ma garde à vue”. Selon lui, le Parti communiste chinois (PCC) voulait démanteler le réseau qu’il avait mis en place pour venir en aide aux victimes du séisme de la province du Sichuan (ouest du pays), survenu le 12 mai. La semaine suivant la catastrophe, le parti démocrate Chinese New people’s party, qu’il avait créé fin 2007, se réunissait quotidiennement pour organiser des collectes de sang, et promouvoir l’ouverture aux humanitaires étrangers.

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vendredi, août 08, 2008

 

Les droits humains et les Olympiques à Beijing | Il est temps de hausser le ton, par Marie-Êve Marineau

Les droits de la personne traversent des jours sombres en Chine. Rappelons-nous simplement trois exemples tragiques récents parmi tant d'autres. Des centaines de Tibétains ont été arrêtés après la dure répression des manifestations qui ont secoué le Tibet. Selon les rapports, le peuple Ouïgour serait soumis à une répression qui s'intensifie aux confins occidentaux de la Chine. Hu Jia, un militant pour les droits de la personne courageux et profondément pacifique, vient de se voir condamné à une peine d'emprisonnement de trois ans et demi uniquement à cause de son travail en faveur des droits humains.

Les choses ne se passent pas comme on nous l'avait annoncé. À l'heure actuelle, nous devrions pouvoir constater les bienfaits de l'octroi des Jeux à la Chine, dans le domaine des droits humains.

De nombreuses personnes se sont inquiétées du fait que les Jeux se tiennent dans un pays qui respecte si peu les droits de la personne et ont souligné que cette décision ne concordait pas avec l'idéal olympique : promouvoir une société pacifique se souciant de la dignité humaine. Lorsque la décision a été prise en 2001, le Comité international olympique et le gouvernement chinois ont dit au monde que ces inquiétudes étaient sans fondement. Ils ont fait valoir que lesdits Jeux raffermiraient l'engagement de la Chine envers les valeurs universelles de respect des droits de la personne.

Ce n'était que de belles paroles. Peu de progrès ont été accomplis au cours des sept années suivantes. Et très peu d'efforts ont été faits pour pousser la Chine à respecter ses engagements. En fait, le dernier rapport d'Amnistie internationale documente toute une litanie de promesses rompues.

Des violations graves et continues des droits humains se commettent en Chine en dépit des Olympiques à venir. Mais pis encore, nous assistons à de graves violations causées par les Olympiques.

Les porte-parole des collectivités locales qui ont tenté de déposer des plaintes quand des gens ont été chassés de chez eux pour faire place à des installations olympiques sont en prison. Les militants, qui ont voulu s'exprimer au sujet des Jeux et des droits qui leur sont associés, sont en prison. Les campagnes de «nettoyage» pré-olympiques ont visé les gens de l'extérieur de Beijing- mendiants, vendeurs ambulants sans permis et autres. Nombre d'entre eux ont été envoyés, pour être «rééduqués», dans les tristement célèbres camps de travail d'une dureté impitoyable.

Les dirigeants chinois et du CIO ont rétorqué avec agacement que le débat est déplacé et qu'on ne devrait pas mêler la politique au sport. Nous commençons à peine à entendre Jacques Rogge, président du CIO, émettre certaines critiques. Nous avons entendu peu de récriminations - que ce soit de la part du gouvernement ou des représentants du sport canadien - dénotant une volonté sérieuse, ou des plans constructifs pour mettre de l'avant les droits de la personne en cette époque cruciale.

Le but n'est pas de mélanger la politique et le sport. Ça va bien au-delà de la politique. Il s'agit de défendre les valeurs universelles les plus précieuses nous unissant : les droits fondamentaux.

La fierté de la Chine est en jeu. Toute la Chine attend impatiemment ces Jeux, dont le prestige devrait rejaillir sur ses habitants. Mais pourquoi défendre sa fierté avec colère, déni et censure ? Imaginez plutôt quelle fierté la Chine pourrait en retirer si elle montrait au monde que ces Olympiques laisseront une empreinte positive pour les droits humains sur son territoire.

L'état des lieux ? Le premier ministre Harper a dit s'inquiéter au sujet des violations des droits de la personne en Chine et annoncé qu'il n'assisterait pas aux Jeux. Dans un même souffle, néanmoins, il affirme que sa décision n'a rien à voir avec les droits de la personne et que le Canada enverra «une délégation de haut niveau». C'est loin d'être limpide.

À quelques jours des cérémonies d'ouverture, tous les pays et tous les membres du CIO doivent faire entendre leurs voix à travers le monde pour demander la fin des violations des droits humains en Chine. Les réformes pour le respect des droits humains doivent être entreprises sans tarder.

Les nombreux prisonniers d'opinion chinois, dont des militants, des journalistes, des blogueurs et tous ceux qui ont critiqué les Olympiques, doivent être libérés. La censure des médias et d'Internet doit prendre fin. Les autorités doivent abolir la pratique cruelle et abusive de la rééducation par les camps de travail ainsi que la peine de mort. Et ce n'est pas tout.

Les milliers de Canadiens qui ont signé les pétitions remises aujourd'hui à l'ambassade chinoise ont fait entendre leurs voix contre les violations des droits humains en Chine. Ils vont poursuivre leur travail de pression en faveur des défenseurs chinois des droits humains afin que ceux-ci puissent continuer leur lutte.

Maintenant, c'est au tour du gouvernement canadien de joindre sa voix aux pressions internationales demandant le respect des droits humains en Chine.

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mercredi, août 06, 2008

 

Coup d'éclat à Pékin, par Noémie Cournoyer

La flamme olympique est finalement arrivée à Pékin mercredi, sous haute surveillance, à deux jours de l'ouverture des Jeux.


Cet événement a toutefois été assombri par une action menée par un groupe de quatre étrangers. Deux Britanniques et deux Américains ont déjoué la sécurité en déroulant des banderoles sur des poteaux électriques devant le stade olympique. Elles appelaient notamment au «Tibet libre». Les manifestants ont été interpellés par la police, 12 minutes après avoir déployé une première banderole près du nid d'oiseau, a indiqué l'agence officielle Chine Nouvelle.


Des membres de la sécurité chinoise tentent de retirer la banderole des manifestants pro-Tibet.

Selon Étudiants pour un Tibet libre, les messages ont été visibles pendant une heure.

Cet incident rappelle plusieurs étapes du relais de la flamme au printemps, notamment à Londres, Paris et San Francisco, où des manifestants protibétains ont protesté contre la répression chinoise au Tibet.

Plusieurs milliers de soldats et policiers ont été déployés dans la capitale chinoise, où la flamme olympique doit circuler pendant trois jours avant d'allumer la vasque à la cérémonie d'ouverture.

Mercredi, le premier relayeur dans la capitale depuis la place Tiananmen a été l'astronaute chinois Yang Liwei. Le joueur de basket-ball Yao Ming a suivi, peu après.

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lundi, mai 12, 2008

 

Comment militer en « made in China »

Par Jérémie Carvalro
« Agissons vite, le Tibet se meurt » scandent-ils. Militer est devenue une véritable mode depuis le début du parcours de la « torche » olympique. Même l'organisation Reporters sans frontières est passée de la dénonciation passive à l'activisme. Toutes ces banderoles, drapeaux et bannières ont fait de l'ombre à la lutte des droits de l'homme bien plus qu'elles ne l'ont soutenue.
C'est le ridicule 100% coton « made in China » de cette mode qui fait sombrer la crédibilité de cette cause. Le citoyen qui sort dans les rues, plein de bonnes intentions, gonflé par la couverture médiatique et les slogans qui pleuvent de partout devrait réaliser que même s'il brandit des affiches « Free Tibet » ou bien le drapeau tibétain, ses vêtements supportent probablement le pays oppresseur auquel il doit s'opposer.
Militer devient alors une opposition naïve, qui ne peut être pris au sérieux et dont on ne retient que la maladresse et les débordements d'un discours pourtant majeur. Ce n'est tout de même pas une tâche facile de se conscientiser quand on fait face au silence de nos « grands » hommes politique. Si ces détails nous échappent, l'économie est grandement prise en considération dans ces contradictions politiques.
C'est ce que j'appelle affectueusement l'hypocrisie marchande, crié par un silence politique encore jamais atteint. On se permet de critiquer et de sanctionner les gouvernements russe, africain, ou tous ces régimes sanglants tels le Zimbabwe, mais face à la puissance économique de la République Populaire de Chine, les grands politiciens semblent oublier les droits de l'homme, la liberté d'expression et ces valeurs dont ils se vantent tant d'être à la défense.
Quand on prend en considération le lourd passé des Jeux Olympiques, il est ridicule que certains clament haut et fort que le sport ne devrait pas être politisé. Cessez de vous mentir, il l'a toujours été. Le meilleur exemple demeure les Jeux de Moscou qu'une cinquantaine de pays avaient boycotté pour dénoncer l'invasion de l'Afghanistan. Mais en Afrique du Sud c'est le boycott économique qui était moins grand, ou nos convictions politiques de l'époque qui étaient plus fortes?
Ce silence politique replongera les Jeux dans l'époque sombre des Jeux de 1936. Vous vous souvenez? Les nations avaient défilé les unes après les autres pour couvrir de prestige Berlin et le désormais célèbre Adolf Hitler.
Nicolas Sarkosy est le seul chef d'état à envisager un boycottage de la cérémonie d'ouverture des Jeux. Sa participation dépendra de l'attitude du gouvernement chinois face à un dialogue avec le chef spirituel tibétain.
Pourtant, l'enjeu primaire était la liberté d'expression et les droits de l'homme en Chine que l'organisation Reporters sans frontières dénonçait depuis déjà quelque années. Mais la cause tibétaine, au lieu d'en devenir le symbole, l'a plutôt éclipsée. Pas étonnant que la société occidentale, plongée dans le matérialisme jusqu'au cou, prise dans un vide existentiel à la recherche d'un dieu se sente davantage interpellé par les répressions que vivent le Dalaï-lama et le peuple tibétain. Pendant ce temps, les Chinois vivent les mêmes répressions mais n'ont pas droit aux mêmes cris ni aux mêmes bannières.
À défaut de ne pas pouvoir renverser la répression, nous devrions d'abord faire preuve d'honnêteté. Ça fait plus de sept ans que nous connaissons le choix du Comité International Olympique de nommer la Chine comme l'hôte des Jeux Olympiques de 2008. Ça fait des décennies que nous connaissons le système répressif qui règne sur la République Populaire, mais c'est à minuit moins une que nous nous insurgeons comme s'il s'agissait d'une nouvelle. Mais c'est trop peu trop tard. Assumons-le, nous sommes l'oppresseur!

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